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proteger cet Etat fragile cTacteurs qui voudraient le fragiliser davantage et doivent renforcer les capacites militaires et policieres de cet Etat par la formation et le mentorat. La finalite politiąue - un reglement avantageux du conflit - est effacee et remplacee par la solidite etatiąue comme fin de 1’action intemationale. Cette preoccupation n’est pas limitee a l’Afghanistan ou au Canada. Par exemple, la Mission de 1’Organisation des Nations Unieś pour la stabilisation en Republique democratique du Congo (MONUSCO) est regulierement accusee d’avoir un parti pris pour Kinshasa. Cette accusation decoule d’une conception du conflit dans l’Est du pays qui serait causee par la faiblesse de 1’Etat218. En conclusion, les diverses formes du discours sur la fragilite de 1 ’Etat participent a un processus plus vague et diffus d’alteritć qui renforce 1’unite (canadienne) devant cet exterieur fragilise et menaęant. Par opposition avec 1’Afghanistan en faillite, la societe canadienne serait civilisee, pacifique, laique, libćrale, modeme, democratique et offrirait une ćgalite aux hommes et aux femmes219.
2.4 Une diplomatie en soutien aux interventions militaires
Dans un contexte ou le probleme est defini comme une fragilite de 1’Etat, c'est-a-dire une articulation qui ćtablit un lien entre sćcurite et dćveloppement, quel est le role du diplomate? Si 1’influence du Prćsident afghan se limite a etre « maire de Kaboul220 », pendant que 1’OTAN assure sa sćcurite et que les projets de developpement contoument ses
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ministeres afin d’eviter la comiption,-alors il y a des limites a ce qui peut etre nćgocić . Somme toute, la guerre et 1’absence d’infrastructure rendent rapidement futiles les tentatives de diplomatie publique. Un nouveau role apparait donc au MAEC1, celui d’officier de stabilisation. La fragilite de 1’Etat peut etre soutenue par les forces militaires le temps de former une armee et une police. Pour le reste, il y a donc une niche, a mi-chemin entre 1’action militaire et celle du dćveloppement: la stabilisation en soutien a la guerre COIN. D’ailleurs si cette niche n’est pas rapidement occupee, ce sont les militaires de la cooperation
218 Emily Paddon, Beyond Elections in the Congo (5 decembre 20ll)y Conseil International du Canada, en ligne, http://www.opencanada.org/features/bevond-elections-coneo/. page consultee le 11 decembre 2011.
219 Simon Leduc, op cit. p. 116-118
220 Stephen Tanner, op cit. p. 320
221 Nipa Bancijec, «Canada’s DcveIopmcnt Assistancc to Afghanistan: What After 2011 ? », Afghanistan: Where Do We Go From Here?, Ottawa, Library of Parliament, 2010, p. 2. Sclon Bancijec, 1’aidc demcurc politisćc et militarisće, manquc dc transparence, s’appuie trop sur des consultants ćtrangers couteux, offrc une piętro assistance techniquc, ne suit pas les plans entendus entre donateurs et gouvemement afghan et comporte trop de gran des confćrcnces intemationales dćbouchant sur beaucoup de promesses et pcu dc misę en ccuvre pilotće par une gestion axće sur les rćsultats.