ments et tous ses actes superstitieux, peut aussi tolerer la comedie, puis-qu’au fond Tappareil entier de cette Mere de toutes les horreurs n'est autre chose qu’une comedie.
La lutte restait indecise. Le catholicisme, maltraite des deux parts, fut la seule victime. Et Ton comprend pourquoi le nom de Bossuet ne se rencontre nulle part dans cette dispute fameuse, ni dans les autres attaques protestantes contrę le theatre. Bień que Burman eut porte aux nues Moliere, les pasteurs se gardaient bien de lui opposer Tautorite du grand adver-saire de 1’auteur comique franęais. Contrairement a ce que nous avons vu pour le Discours sur 1'Histoire Universelle, la haine de Romę a eu le dessus ici. Le convertisseur qu’etait Bossuet les a empeches d’ecouter l’eveque austere prononęant son arret ecrasant sur le malheureux comedien.
LES SERMONS.
Avant 1778.
La courbe du succes des oeuvres oratoires de Bossuet change du tout au tout suivant qu’on se place avant ou apres 1778. Cest a ce moment-la seulement que par les soins de Deforis ces chefs d'oeuvre d,eloquence, restes trop longtemps dans Toubli, furent rendus accessibles au grand public, apres avoir ete pilles pendant plus d'un demi siecle par les pretres du diocese de Troyes qui en possedaient les manuscrits. II est clair qu’avant cette datę leur influence ne pouvait pas etre tres grandę. Certes, la renom-mee du predicateur avait franchi les frontieres de la France. Mais dans un pays ou Yon n’a jamais subi Tenchantement ni de la personne ni de la parole d’un orateur dont la plus grandę force etait precisement d'appro-prier ses arguments et son langage a Tauditoire, on ne peut pas s’attendre a trouver pour lui la chaude admiration qui est le seul appui veritable, le seul principe vital meme d'une gloire durable. Cela explique sans doute pourquoi on n'a jamais entrepris en Hollande d'editer ni de traduire les quelques oraisons funebres imprimees du vivant de Bossuet. La publication a Amsterdam de celle de Nicolas Cornet 473) ne tire pas a consequence, le motif de cette edition ayant ete seulement de la faire servir d'arme de combat contrę les jansenistes. Le fait que Bossuet lui-meme semble Tavoir desavouee, nous autorise pleinement a la negliger474).
Pourtant il est possible d'indiquer dans cette premiere periode quelques traces d'une influence, plus ou moins indirecte, exercee par Teloąuence de M. de Meaux sur la predication protestante aux Pays-Bas, et due surtout
473) Amsterdam, chez Henri Wetstein, 1698.
474) Cf. CEuvres oratoires, t. IV, p. 470.
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