imposee deja a d’autres que nous a tel point qu’on a pu appeler ces semions les ,,Elevations sur les Mysteres d’un genie protestant” 477).
L’autre, qui a introduit l’eloquence dans la chaire calviniste, a pu etre compare a l’eveque de Meaux pour sa force, son regard vaste et peręant, et son imagination puissante 478). Si cette ressemblance est probablement fortuite — puisque Saurin a quitte la France a l’age de huit ans —, il est neanmoins comprehensible que le nom de Bossuet revient frequemment sous la plume de ceux qui essaient de caracteriser l’oeuvre de ces refugies.
Parmi les grands predicateurs catholiques c’est lui dont ils etaient les plus proches, parce qu’il ne se perdait pas, comme Bourdaloue, dans une analyse poussee de tous les vices, ni ne se rabattait, comme Massillon, sur la seule morale, a l’exclusion du dogme. Cherchant les sources d’ou decoulent les defauts humains et y appliquant le remede de la doctrine chretienne, il ne restait pas trop etranger a ceux qui n’etaient entres que depuis peu dans le domaine de 1’edification. L’un d’eux se hasardait-il a aller piller dans les sermons de Bourdaloue, Ton n’etait pas long a s’en apercevoir et a le faire rougir publiquement de ce larcin 479). La distance etait trop grandę pour qu’ils pussent se permettre impunement une telle escapade. II n’en etait pas de meme pour Bossuet: ils pouvaient profiter de ses leęons sans etre rappeles a 1’ordre. La methode des ministres de TEglise wallonne avait du succes aux Pays-Bas. lis attiraient un nombre de plus en plus grand de fideles autour de leurs chaires. Plusieurs editions de sermons de Saurin et de Superville se succedaient a de courts intervalles. On les traduisait en hollandais. Et ils trouvaient meme des imitateurs parmi leurs collegues de TEglise hollandaise.
L’experience assez inaccoutumee d’un pasteur de La Haye, Pierre Nieuwland, est significative sous ce rapport. Accuse d'avoir recite un jour un sermon de Saurin, traduit mot pour mot en hollandais, il se defendit par un aveu partiel. Pour prouver a un ami qu’il etait bien possible d’em-ployer dans la chaire hollandaise un langage semblable a celui des predicateurs franęais, il sJetait en effet servi d'un fragment de Saurin. La methode lui plut et il s’engagea resolument dans la voie nouvelle 48°).
Leur influence est sans doute restee limitee, et, en plein dix-huitieme siecle, la paradę scientifique n’a pas disparu entierement de la chaire hollandaise. De leur cóte les universites nłavaient meme pas manque de faire subir leur empreinte aux predicateurs wallons, qui, s’ecartant de Saurin, allaient faire dans leurs sermons une place plus grandę a Tanalyse dogmatique et scripturaire. Cela n’empeche que si dans la seconde moitie
477) A. Sayous, o.c., t. II, p. 104.
-178) Cf. E. A. Berthault, J. Saurin et la predication protestante, p. 129, 159, 171.
479) Journal literairet t. XIV, premierę partie (1729), p. 49.
48°) 1722-1795. Cf. Nieuw Nederlandsch Biographisch Woordenboek, t. X, p. 670; D. Poujol, o.c., p. 257.
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