vers la fin du siecle, sur celle de leurs freres orthodoxes. Inspiree par de tout autres motifs, cette reaction etonne moins que celle des represen-tants du Reveil quelques dizaines d’annees plus tót. L’evolution de Tappre-ciation de Bossuet telle que nous venons de la suivre, a atteint son point culminant chez ces hommes qui avec une confiance demesuree en la raison ont embrasse Tun apres Tautre tous les -ismes philosophiques possibles, mais qui, par leur refus du surnaturel, ont creuse la doctrine de Jesus-Christ dont ils voulaient bannir tout le mystere 562). Ils adorent ses Oraisons Punkbres 563), ils jouissent de ses belles periodes 564), et ils appre-cient la noblesse de son caractere qui se montre dans Thistoire innocente de ses rapports avec Mile de Mauleon 565): mais ils ne s’interessent aucune-ment a Taspect purement religieux de sa vie ni de ses oeuvres. Si, par exception, ils en parlent, c’est seulement pour en signaler les points faibles, son traditionalisme rigide, son absolutisme et ce qu’ils ont appele son fanatisme 56(i). U est clair qu’ainsi ils ne trahissent que les raisons secon-daires de leur silence. La veritable raison, nous Tavons vu percer dans les paroles que nous venons de citer: c’est que Bossuet a refuse de soumettre les mysteres sacres de la religion au meme critere rationnel que n'importe quelle science humaine, et qu’il a meme combattu toute sa vie ceux qui ont essaye de le faire. Sa foi robuste et simple ne pouvait satisfaire leur besoin de raffinement purement rationaliste. Ils trouvent plus leur compte chez Pascal a Tanie tourmentee, „le Faust du dix-septieme siecle avec une autre fin” 567).
Seuls les protestants pour qui Tautorite exterieure est toujours un pro-bleme tourmentant le jugent autrement. Le pasteur wallon qui constate le besoin croissant de cette autorite, et qui le regrette en meme temps, puisqu’il profite exclusivement a TEglise catholique, a vu comment Bossuet en a fait la pierre angulaire de ses expositions de doctrine, ce qui leur donnę une certitude qu’on ne trouve nulle part ailleurs 568). II est pourtant peu vraisemblable que cette tendance dans le protestantisme produise un regain de Tinfluence de Teveque de Meaux. Les protestants surtout s'adresseront bien plutót a Newman, qui a supplante definitivement Bossuet. Puisque le Cardinal anglais ferme moins les yeux sur le developpement des circon-stances et des temps, sa position est plus forte envers le protestantisme, qui, a defaut d’une autorite exterieure, s^dentifie de plus en plus avec Tesprit du temps.
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