livres de la Bibie, pourąuoi n’invoquerait-on pas aussi Tantiąuile chretienne pour juger du contenu dc la doctrine chretienne?” OT).
La foi des premiers siecles formę un temoignage important en faveur de rEglise catholique. De la la severite avec laąuelle, au debut du dix-septieme siecle, les synodes nationaux de France, effrayes par le grand nombre de conversions de leurs pasteurs au catholicisme, sevirent contrę 1’etude et 1’usage des Peres92).
Bossuet a tracę la route suivie par Grotius, quand il dit de TAngleterre : „Mais une nation si savante ne demeurera pas longtemps dans cet eblouis-sement; le respect qu’elle conserve pour les Peres, et ses curieuses et eon-tinuelles recherches sur l’antiquite, la rameneront a la doctrine des premiers siecles”9S). Dans les Supplenda in Psalmos il a meme entrevu 1’effet salutaire de 1’etude de Thistoire sur Grotius. Son reproche ulterieur n’en devient que moins fonde.
Dans le catholicisme seul les besoins les plus profonds de Tamę de Grotius pouvaient trouver satisfaction. Ce qui vaut pour son culte de l’antiquite, ne vaut pas moins pour sa confiance en la raison et la naturę humaines. „Ceux qui veulent prouver les secrets de la foi par la raison, en sont pour leur peine; je crois neanmoins que la foi perfectionne la raison, mais ne la detruit pas, qu,elle la surpasse, mais ne la contredit pas”, ecrivit-il deja en 1615 94). Ce sont la des conceptions familieres au catholicisme, qui tout en subordonnant la theologie naturelle a la theologie revelee, n’en fait pas moins appel a la premiere, puisqu,il ne peut pas exister de contradiction radicale entre la foi et la raison. Se soumettant a l’une sans perdre sa confiance en Tautre, Grotius avait recours, lui aussi, a la revelation la ou la lumiere de la raison ne peut plus suffire.
Aussi finit-il par ne plus voir qu’une seule solution au probleme de la reconciliation de tous les chretiens: le retour a Romę. Ses amis s'en etonnerent. lis ne comprenaient pas pourquoi tous ceux qui avaient vecu jusqu’alors dans le protestantisme, devraient retourner a TEglise romaine, qui tout en pretendant etre infaillible, n'en erre pas moins dans beauccup de choses95). Ses admirateurs en conęurent un profond depit. Jusqu'ici, ecrivit la femme savante Anna Maria Schuurman a Rivet, tout le monde a hautement admire le discernement et Terudition de Grotius, mais depuis que ses etudes ont change d’objet et qu’il a combattu amerement Toeuvre et les principaux representants de la Reformation, personne ne reconnait
91) Nederlandschc stemmen over Godsdienst, StaetGeschied- en Letterkioide, t. V, p. 28 sq.
92) P. Polman, l’Element hurtoriąue dans la controverse religieuse du 16? siecle, p. 270 sq.
93) Histoire des Variations, lib. VII, chap. 114, CEuwes completes, t. VII, p. 32.
94) Lettre & Wallaeus du 29 juin 1615, Molhuysen, t. I, p. 400.
95) Lettre de son frere du 4 aout 1642. Citee d’apres P. Winkelman, o.c., p. 256.
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