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actions et de choisir Ies raoyens d’atteindre ses fins"3i, la vertu po!itique par exceUence "Prudencia que est agendorum", explique le moine augustin Jacques Legrand; elle "adrece au> accions" (Christine de Pisań), en montrant "la fin de cbacune entreprise" puis les "moyent convenables po nr tenir a ceste fin" (Jean Gerson)39. Fidtie a la pensće de Ciceron, urn ordonnance royale de 1415 definit la prudence comme la roemoire des choses passees, U comprehension des choses presentes et la prevoyance des choses a yenir40. Charles V, nous dii Michel Pintoin, fut nprudens et providus* (ID, 152). Au debut du regne de son fils, la prudence du duc d’Anjou, qui gouveme alors Ie royaume a titre de regent, lui permet de faire face au* emeutes anti-fiscaies qui agitent Paris et de negocier un traite avec Ie duc de Bretagne (L, 20-22, 48, 60). Amene a justifier dans un discours la prise du pouvoir par Charles VI (1388), k Cardinal de Laon vante la prudentia manifestee par le roi dans la conduite des affaires etrangeres (I, 558). Dans son portrait posthume de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, lc chroniqueur affirme qu’il avait la reputation d'etre plus prudent que tous les autres princes du sang (inter aurea lilia deferentes prudencior repu tatuś), et etait "experiencia preditus seculari, prudens admodum et in agendis circumspectus" (ID, 146)41. Le Religieux explique plus loir que 1’age et la prudence du duc de Berry lui conferent une influence preponderante au sein du parti orleanais42. L’homme prudent doit se mefier des apparences. Michel Pintoin reproche ainsi aux princes du sang de sTetre laisses bemer par les promesses du duc de Bretagne:
En trał nes par cette confiance (credulttaie) ordinaire aux Franęais. [...| [les princes et les autres conseillers du roił prirent en bonne part les feintes paroles (ficta verba) du duc, et ne soupęonnerent pas sa perfidie. [...) Les princes. ainsi abuses par ses ruses et ses artificcs (laberintis et ambagtbus), lc manderent (et accepterent son a\is|. (...) Le duc confirma de nouveau ses promesses par serment et pai de vaines paroles (yerbis inanibus) surprit ainsi. s il m est permis de Ie dire. la sagesse des princes (principes consulti pectoris) (L 292-293)43.
58 J. Krynen. L'empire du roi, p. 218.
39 Ces citations sont empmntees a B. Guenee. Un meurrre, une societe, p. 64.
40 Ibid., pp. 65-66.
41 Dans son Charles V. Christine de Pisań loue longuement les qualitćs politiques de celui qui fut l un de ses principaux protecteurs (ce fut d^ailleurs a sa demande ąu clle entreprit d ecnre cet ouvrage): Toutes les vcrtus. qui i bon apertienenL furent en lui. prince de tres grant sęavoir, de grand travcil et grand voulentć de raugmentacion, bien et accroissemem de la couronne de France (...). Son conseil sagę. sain et proffitable eu touz cas a ce reaume acherti et advi$ić de toutes choses au mieulz qui estoient a faire [...]. Prince estoit dc souverain sens et bon conseil" {Le Livre des fais et bonnes meurs du sagę roy Charles K ed. citec. L 1, pp. 146, 149-150).
42 En 1412. le roi decide, d apres les conseils de Jean sans Peur, d*enutr en guene contrę son oncle de Bem, ma cujus prudencia jurę antiąuitatis aliorum sentencia dependebat" (IVT 628).
43 Cc n’est d ailleurs pas runiąue cas ou le chroniąueur condamne la credulitas de ceux qui croient trop fadletnent: voir B. Guenee. "Commem le Rdigieux de Saint-Denis a-t-il dcrit rhistoire?". pp. 340-342. U prodigue une leęon sinulaire lorsqu*il rapporte les remontrances qułun notable aurait adressćes aux ćroeutien parisiens lors du soulev,einent cabochien de 1413 (V. 10-12). L’attitude de Michel Pintoin est proche de celle dc Christine de Pisań qui. brossant un portrait elogieux du duc Louis dvOrlćans, patie de "ceste sagę et bonne