77
l’arrestation d’un certain nombre de conseiUers du duc Louis de Guyenne Entre autres exemples (inter cetera exempla), Torateur explique qu’un bon jardinier doh arracher de son panerre les mauvaises herbes (herbas nocivaś) qui etouffent la croissance des fleurs; pour la meme rai son, ii cst necessaire de "deraciner", co mmc autant d’herbes mutiles (yelud radtces inutiles evellantur\ les mauvais conseiUers qui empechent les rejetons des fleurs de lis (a floribus liliorum prodeunies), autrement dit les enfants de Charles VL d’aneindre tout leur eclat (V, 40-42). Tout en reaffirmant son souci de brievete habitueL, Michel Fintoin a tenu a consigner cet eremplum allegorique particulierement evocateur En plus d’etre discute dans la plupart des artes praedicandi, le recours a 1’allegorie, frequent chez les exegetes medievaux, est un procede couramment appliąue dans les traites d edificabon destines aux laics73. II n’est donc pas surprenant de le voir apparaltre dans les sermons des magistri in sacra pagma
Les auctoriiates, les rationes et les divers types d'exempla apparaissent donc comme les trois principaux moyens de persuasion employes par les predicateurs rompus aux methodes universitaires Pour preparer ieurs sermons, ces demiers peuvent compter sur divers
Instruments de travail. Depuis le XIF siecle, les copies de la Vulgate sont enrichies de gloses
0
qui foumissent,. outre de nombreuses citations des Peres de TEglise, des notes exegetiques et des explications etymologiąues. Au siecle suivant apparaissent des concordances v erb aleś de la Bibie qui signalent les occurrences d’un mot, le plus souvent donnę dans son contexte: eUes permettent notamment de reperer rapidement les passages ou reviennent les mots cles contenus dans le theme, facilitant ainsi le maniement des auctoritates. Les Distincriones, qui se multiplient tout au long du XIir siecle, sont des repertoires analytiąues qui obeissent a un classement alphabetique ou methodique: ils "distinguent", d’ou leur nom, les divers sens d’un mot donnę, a grand renfort de citations d'autorites. Les predicateurs ont egalement a leur disposition des florileges d'auteurs antiąues, patristiąues ou medievaux, des collections d 'ezempla, des recueils de sermons pouvant servir de modeles, sans oublier les traites theoriques que constituent les artes praedicandi. Cet outiUage leur permet de produire, en un laps de temps relativement court, des discours particulierement elabores74.
3 II est notamment presente dans le traite de Roben de Basevom: voir J. J. Muiphy. Rhetoric in the Ktiddle Ages, p. 353. Voir Harry Caplan. The Four Senses of Scnptural Interpretation and the Mediae\al Theory of Preaching*. Speculum, vol. 4 (1929), pp. 282-290 et M.-M. Davy, loc. cit.. pp. 345-346.
74 Au sujet de 1’outillage des predicateurs, on consultera: L. J. Bataillon, 'Les insuuments de travail des predicateurs au XnT siecle". Culnire et travail iniellectuel dans 1'Occident mśdiłval (G. Hasenohr et J.