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franęais pour etre compris de 1’ensemble de 1’audhoire. Suivant un usage assez repandu chea (es predicateurs, sa traduction est en fart une adaptation en prose versifiee:
Damę convoitise est de tous maulx la racine Pius qu'on est en ses las et qu’on tiern sa doctnne EUe a fan aucuns apostas. tant 1’ont amee Les autres desloiaux: c’est bien cbose dampnće“.
On remarąuera que le ąuatrieme vers ne correspond pas au demier membre du theme, ou L n’est nullement ąuestion de "deloyaute". Ce n’est d’ailleurs pas le seul cas ou, pour les besoitu de la cause, Jean Petit se permet certaines libertes a 1’egard de ses sources*7. Cette utilisatior tendancieuse des auctoritates lui sera d'ailleurs reprochee par 1’abbe de Cerisy**.
Apres avoir annonce une divisio tripamte classique, correspondant aux trois element* contenus dans le theme, Jean Petit affirme un peu plus loin son intention d’aj out er un quatriem« article a sa majeure, pour mieux fonder sa justification. La majeure constitue la partie theoriqu< du syllogisme; le duc d’Orleans n’y est jamais expressement cite, bien que les allusions soiern souvent transparentes En conformite avec les regles de la rhetorique universitaire, elle esi developpee avec une rigueur analytique. Ainsi, le second article permet de definir le concept d( lese-majeste, qui soutient toute la demonstration. L’orateur en distingue deux sort es: la lese-majeste divine qui a deux degres, et la lese-majeste humaine qui en compte quatre. L< troisieme article comporte trois exemples. Le quatrieme article contient hurt verites. Lf troisieme, la plus longuement developpee, est appuyee par douze raisons: "les trois premiere! sont trois auctoritez de trois philosophes moraux. Les autres trois, sont de trois auctoritez dt saincte Eglise Les autres trois, sont de trois lois civiles et imperiales. Et les trois demiere* sont exemples de la saincte Escripture"19. En groupant ainsi trois par trois ses raisons, set exemples et ses autorites, Jean Petit ne fait qu’appliquer un precepte des manuels de rhetoriqu< antiques et medievaux, selon lequel ce nombre represente un juste milieu permettant a 1’orateu) d’eviter de pecher par prolbdte aussi bien que par indigence90. Parmi les auctoritates alleguee: “ La chroniąue d 'Enguerran de\fonstrelet, ed. citće. L 1, p. 184.
r Pour etajer la definition bien pcrsonnelle qu'il donnę du tyran. 1'orateur invoque l autorite de saint Gregoire mais incorpore a sa dtation une idee de son cni: voir B. Guenee. Un meurrre. une sociite. p. 193.
" Voir injra. p. 88.
19 La chroniąue d "Enguerran de \fonstrelet. ed. citće. L 1. p. 206.
90 Jean Petit dit lui-meme que dćpasser trois e.xemples "seroit trop longue chose a raconter’ (ibid., p. 189; voii egaletnent la p. 207). Voir supra, pp. 72-73.