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stables de ce parcours ce qui correspond au besoin de securite qu'eprouve Rafael car il reconnait son espace, un espace non hostile, apprivoise.
La coupole de Notre-Dame-d'Afrique est un element immuable du paysage d'Alger, cette eglise ne determine pas les choix ou les actes des heros comme le desert saharien, neanmoins sa position surplombant le panorama de la vil!e est aussi cmblematique :
Par la fenetre ouverte, on voyait un grand pan de paysage, et tout au fond, la coupole de Notre-Dame-d'Afrique [...]. Par une branchc largement ouverte, la mer se deploya encore, la colline de Notre-Dame-d'Afrique dressa son ombre au-dessus des maisons de Bab-el-Oued et, vers Saint-Eugene, un triangle lumineux scintilla.257
Ce caractere symbolique de cet edifice catholique a Alger devient surtout ćvident au moment du retour de Rafael a Alger; apres une nuit passće sur le pont du bateau 1'emmenant d'Espagne en Algerie, la coupole surgit la premiere : «Vers quatre heures du matin, une humidite tiede qui le transperęa lui fit ouvrir les yeux. La coupole de Notre-Dame-d'Afrique etait devant lui.»25*
Dans le demier chapitre du roman, Rafael, comme guide de son cou-sin Juanete venu d'Espagne, re-voit avec son parent tous ces endroits qui furent pour lui les etapes suivantes de son initiation au mystere de la vie. lis commencent leur visite par les Carrieres, le berceau de la familie de Rafael pour gagner la Casba
et les petites rues de la haute ville. [...]. Quand ils furent en haut du sentier, le cimetiere arabe d'EI-Kettar apparut devant eux au versant du ravin. [...] Les toits du Faubourg s’etageaient en face sous la coupole de Notre-Dame-d'Afrique. [...] Mille impressions confuses de son enfance revenaient a Rafael. Ce petit cimetiere d'EI-Kettar [...] il lui sembla qu'il gardait une part de sa vie. [...] L'air etait si pur, on respirait si largement sur ces hauteurs, que Rafael et Juanete s’assirent sur une pierre en face des tombes. A leurs pieds, la maison du gardien des morts laissait voir sa terrasse entre les branches des figuiers et des chenes-lieges. [...] Alentour, des Mauresques, ayant rejete leurs voiles, etaient accroupies en cercie. On les voyait manger des friandi-ses et le vent apportait les rudes intonations de leur babil. Au plus profond du ravin, un vieux fossoyeur [...] creusait un trou avec achamement. [...] Tout etait eclatant et paisible dans ce beau jardin des morts [...J.259
157 Ibid., pp. 84 et 303. ** Ibid., p. 280.
Ibid., pp. 339-340.