Le vin charme tous les esprits :
Qu’on le donnę Par tonne.
Que le vin pleuve dans Paris,
Pour voir les gens les plus aigris Gris
Refrain d’unc chanson de Picrre-Jean dc Bćranger
LORSQUE je suis entre, il y a un quart de siecle, a la Compagnie Generale Transatlantiquc, je pensais naive-ment que si un jour La Jaune et la Rouge m’ouvrait ses colonnes, ce serait pour parler de nos navi-res, des caracteristiques techni-ques remarquables d’une carene ou d'un appareil propulsif.
Et voila que le theme qui m’est propose est LE VIN !
Le sujet ne saurait etre tenu pour negligeable, quand on porte un patrony me comme le mień et qu’on se trouve etre le petit-fils d’un authentique vigneron de me* tier qui cultivait quelques arpcnts de vigne en Lorraine, produisant avec beaucoup de peine une me-diocre « piquette» dont 1’acidite irremediable dissuada mon pere (qui avait 1’estomac fragile) de poursuivre I’activite ancestrale.
Par voie de consequence de la descrtion paternelle, me fut of-ferte la possibilite de faire des etudes et PEcole Polytechniquc etant - c’est rcconnu - facteur dc 38 promotion socialc, j’ai pu, par le corps du Genie maritime, pro-gresser dans la connaissance (et la frequentation) du noble breu-vage.
VoiIa pourquoi je vais tenter, en quelques lignes, sinon de faire partager mes modestes experien-ces, mais d’evoquer comment 1’armement maritime et le vin ont parfois des routes qui sc croi-sent.
C’est de Bordeaux, ou leur familie (portugaise d’origine) s’etait fixee depuis plusieurs ge-neratiops, qu’Emile et Isaac PE-REIRE partirent a Paris pour prendrę d’innombrables initiatives et creer, notamment, en 1855, la Cie Gle Maritime, qu’un decret imperial du 25 aout 1861 auto-risa a prendre le nom de Cie Gle Transatlantique.
Ainsi les fondateurs du plus grand armement franęais ont-ils etć eleves parmi les negociants bordelais, eux-memes etant pro-prietaires du Chateau Palmcr, grand cru classe dont la reputa-tion n’est plus a faire parmi les Margaux.
On nc s’etonnera donc pas de trouver 1’Agcnce generale de la Cie Gle Transatlantique a Bor-deaux installee dans un hotel particulier du quai des Char-trons, en bonne place parmi les maisons de negoce de Tanstocra-tie bordelaise.
Armer un navire signifie a l’evidence fournir tout ce qui est necessaire a l’expedition mari-timc, engager un equipage, mais aussi mettre & bord les approvi-sionnements de toutes sortes, et parmi ceux-ci, les vivres et... le vin. L’importance de ce dernier serait sans doute moindre si nous n’etions issus d’unc civilisation mediterraneenne ou le vin a ses lettres de noblesse depuis la plus haute antiquite (Noe n’est-il pas le precurseur du transport maritime ?).
Quand le navire transporte des passagers et quand -dans la concurrence internationale - l’ar-mateur fait appcl comme argument de vente a la qualite des mets et des vins servis a bord, il dcvient necessaire quc le navire