Prince, de Dieu soient mauditz leurs boyaulx Et crever puissent par force de venin Ces faulx larrons, maulditz et desloyaulx,
Les taverniers qui brouillent nostre vin !
Franęois Villon Balladę des taverniers
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Obsenations sur les vins de Bordeaux
... Ce chapitre serait incomplet si je nc le terminais par quelques considerations qui m’ont ete sug-gerees par la degustation reflechie que j’ai ete a portee de faire lors de mon voyage a Bordeaux pour le congres des vignerons, d’un tres
LE premier polytechnicien ampelographe fut presąue certainement le comte Alexandre-Pierre Odart, puisąuil appartint a la promotion 1796 (Tampelographie et ant, comme son nom Tindiąue, la science de la vi-gne).
Ce beau sujet linteressa durant toute sa longue vie, ou presąue, puisąuil lui consacra son premier ouvrage a ąuarante ans, et le der-nier a ąuatre-vingt-douze ans. II voyagea da fis l'Europę entiere et en Ameriąue pour se renseigner sur les ceps cultives et sur les proce des de viniJication employes dans ces pays. II fut membre des societes royales d’agriculture de Paris, Tu-rin, Bordeaux, Dijon, Metz, etc.
J'ai juge interessant de presen-ter ąueląues extraits de ses ouvra-ges, parce ąue son style est savou-reux comme un bon vin. La passion ąu'il porte a son sujet Lent rai ne parfois a se monlrer se-vere; ses jugements seraient peut-etre condamnes par nos experts actuels *. Mais, dans tous ses propos, parait Tamour du vin. Et Ton ne peut en vouloir aux amoureux de se monlrer excessifs.
petit nombre de vins a la verite, mais qui provenaient de vignobles des plus renommes. Je conserve trop de reconnaissance de l’ac-cueil flatteur et honorable qu’on m’y a fait pour craindre d’etre influence par ma position de pro-ducteur sous la latitude bourgui-gnonne. J’espere donc que les Bordelais qui me connaissent per-sonnellement ou seulement par mes ouvrages, ne me retireront pas leur bienveillance, quand j’au-rai enonce avec sincerite une ve-rite que je regarde meme comme un devoir, puisqu'elle peut etre utile. Je ne dissimulerai donc pas que le vin le meilleur qu’on ait cru me donner, m'a laisse quelque chose a desirer : il etait tres vieux et d’une legerete qui, portee a ce point, pouvait etre appelee fai-blesse. Un an auparavant un commeręant en vins młavait fait gouter a Tours du vin de Leoville (Medoc) qui avait fait, me dit-il, le voyage des Indes; ce vin n'etait plus qu’une eau vincuse d'une legere teinte rouge. Dans
* Beaucoup dencepagements ont dail-leurs ete modifies depuis la grandę atta-que du phylloxera des annees 1870. 7