LES donn£es du PROBLfcME 93
sćrait 1’aumóne dans la justice, PIERRE DE POITIERS (1205),
au contraire, en avait traite dans un superbe passage sur 1’ordre de la charite K
Ces quelques textes necessaires pour comprendre le point de depart des grands maitres ne permettent pas par eux-memes de conclusions importantes, car il est presque impossible de preciser ce qu’ils entendent par misericorde, justice ou charite, puisque chez leur auteur on cherche en vain « un critere quelconque de
0
differenciation8 ». Cest l’epoque des audoritates, qu’on cite et qu’on veut garder a tout prix, s’efforęant ou non de les conci-lier1 2 3. Du reste, le probleme des vertus et de leurs rapports etant a peine ebauche, ii serait contraire a une saine critique de vouloir faire dire a ces theologiens ce a quoi ils n’ont meme pas song6.
Mais voilaquavec GUILLAUME D’AUXERRE (1231) nous
touchons a une periode capitale pour le traite des vertus. C’est en effet ce grand maitre qui iui a donnę « une ampleur et une sys-tematisation inconnues avant lui4)). Se degageant des audoritates qui tendaient a identifier toute vertu a la charite, il place resolument le principe de distinction des vertus dans leurs objets propres primaria propria, en prenant precisement comme exemple raumóne: on peut secourir le pauvre ou par la nourriture ou par le vetement, mais c’est le meme rrjobile qui incline a ces deux actes numeriquement differents; ils relevent donc d’une seule et
ML., t. 205, c. 286; ML., t. 211, c. 1108.
Dom Lottin, O. S. B., <( Les premieres definitions et classifications des vertus au moyen age)), dans Rev. sc. th. ph., t. 18 (1929), p. 384.
Voir J. de Gellinck, S. J. Le mouoemcnt theologique du XII* silcie, p. 319, Paris, Gabalda, 1914.
Dom Lottin, O. S. B., art. cit., p. 387.