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PHILIPPE DERCHAIN
qui se drcsse». Le nom serait donc simplement un participe sans desinence ecrite17, un dćrive nominał.
La parente de cc vcrbc swy et du nom de Chou a du reste ete prcssentie apparemment par Spiegel,s et reconnue par Zandee19 qui cepcndant vcut au contraire faire du verbe un derive verbal du nom du dicu. car il conscrve par ailleurs Petymologie traditionnelle. Plusieurs difficultes linguistiques s'opposent toutefois a ce schćma. Tout d'abord, la dćrivation d’un verbe a partir d’un nom parait bien improbable en egyptien, comme elle le serait d’ailleurs dans toute languc dont le systeme radical est fondamentalement verbal. Songeons que Pegyptien est a cct ćgard une langue sćmitique a 1’origine. Ensuite s'eleve une difficulte semantique insurmontable, car il faudrait, dans cette hypothese, imaginer que les Egyptiens auraienl admis la sequence (etre vidc) > Le Vide > se dresser. Une telle deviation nc serait possible quc si le sens premier du moyen ternie avait ćte oublie, cc qui ne saurait etre le cas, puisque le vcrbc swy «etrc vide» est reste vivant tout au long dc Phistoire dc la languc egyptienne.
Au contraire, si nous faisons de swy 2 la racine du nom de Chou, ce a quoi rien ne s’oppose, nous eliminons d'un coup toutes lesdifficultćs linguistiques et logiques que nous avons rencontrees et avons ecarte la contradiction qui imposait a un dieu nomme «Le Vide» de porter sur ses epaules tout le poids du ciel, en remplissant Pespace entier.
Comme on 1’aura remarque. Chou est, sclon cette etymologie, celui qui s'ćlćvc, et non celui qui eleve. Le nom ne se rapporte donc pas directement a la fonction que nous avons si souvent vue decrite dans les Tcxtcs des Pyramidcs, mais a 1’attitude du dieu,
a sa position, ce qui liii laisse une bcaucoup plus grandę liberte d'action. Du reste, il
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faut se dresser pour soulever, et Ton pcut croire que les Egyptiens ont cxploite sa presence entre ciel et terre pour le charger de 1'ascension du roi.
Nous allons voir maintenant quc la nouvellc etymologie du nom de Chou permet — ce que ne faisait pas la precedcnte — d'expliquer de faęon coherente la plupart des grandes implications mythiques du dieu et de simplifier sa personnalitć.
En tant qu’air dresse entre ciel et terre, il tient ceux-ci ecartćs Tun de Tautre sans doute, mais simultanement les relie. 11 etablit la communication entre eux, comme le dit un autre texte de sarcophage: «Je suis celui qui se trouvc parmi les millions, dit Chou, qui ecoute les millions et qui transmet la parole du Demiurge Autogćne a la foule»20. Cest la, si Ton veut, un embryon de theorie acoustiquc, puisque 1’air y est considere comme le porteur de la voix. Cela mene a une autre specification de la fonction de Chou, qui peut etre considere comme la premierc emission de la parole
Comme il esi consiant pour un autre vcrbe en wj, hwy «frappcr»; cf. Edel. AltSg. (Jr . ^628 cc.
18 O.c., p 265, a propos dc Pyr 379 b
19 7AS 97, 161.
20 CT I. 322 c 324a.