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sitć ou par sympathie. Enfin voici arrivcr Cainillc Desmoulins; sous son habit noir il a mis un gilet de soi? blanche & lleurs brochecs; il est accompagne , du depute Defiefville, qui reprćsente seul sa familie
et son pays. Tót aprćs, descend d’un carrosse Lucile, qu’accompagnent son pere et sa mdrc. La blondc fian-cće est ravissante sous le voilc de satin blanc qui rerouvre son corsage <le satin roso a petites basques et a nianches ćtroites. Lcs orgucs. salucnt 1'entrće des fiancls. Ceux*ci prennent place sur ileś prie-Dicu pr£s dc la grille du sanctuairc. Au-dcssus de Icurs tetes s’eleve un pocie, sorte de balda(|uin, dont les cordons sont tenus, dłun cótć par Robespicrre et brissot, et de 1’autre, par Petion et Mcrcier. Quand lcs orgucs se sont tues, l’abl>ć Bćrardier cntre dans le sanctuairc, accompagne de choristcs et d’un <les yicaires, M. Guendeville. Camille a obtenu du bon Principal qu‘il le marie; celui-ci sait fengagenicnt que son ancien ćlevc a pris de ne plus attaquer la religion, il va le lui rappcler, convaincu. seinble-t-il, quc Camille a etć sinc£rc. S'avanęant & la balustradę, d’un geste il fait tout le mondc s’asseoir, et, mettant Pćtolc sur son surplis, il lit le discours suivant: (1)
« Monsieur, Mademoisellc,
U vuc de cct autel desant lequcl vous etos pros-ternćs, vous fait asscz connaitrc quf le mariagc quc vous allez contracter n'est point une cćrćmonie pro-fane. mais un actc de religion; c’est un sacrement que saint Paul appelle grand et que Jćsus-Christ a lui-memc intitule: Hor sacramentum magnum est in Christ o et in Kccletia. Mais si le mariagc est un grand sacrement. il impose aussi de grandes obligations. Vous ćtes trop instruits l’un et 1'autre de votre reli-
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gion pour ignorer vos devoirs. Vous vous cn acquit-terez donc avec lidelale.
» J’en ai pour garant, Mademoisellc, Peducation soignće et ehretienne que vous avez reęue. Elevće sous les ycux d’un pere honnetc et vcrtucux, (listingu <• par son intelligence et sa probite, qui a rcmpli unc place importante dans lcs finances et qui l’a rem-plie avec honneur; fornióe par une nifcre lendre et sagę, qui s’est plu a orner votre esprit dc talents ugreablcs et k embcllir votre ame dc qualites csscn-tielles pour vous blen conduirc dans le monde. il vous suflirn, Mademoisellc, d* vous rappeler leurs leęons et de suivre leurs cxemplcs.
*• Et vous, Monsieur, vous avcz ćtć eleve dans une maison rćgulićre et ćdifiante, 1’ćcole des scienccs et 1’asilc de la pietć. ,Vous vous y etes distingue dans la carri^re dc vos ćtudos; dejft, marchant sur les tra-. ces du magistrat eclaire et integre qui vous a donnć le jour, vous vous ćtiez fait unc rćputation au bar-reau; vous etes tout a coup devenu celebre dans la rćpublique des lettres et votre nom sera fauteux dans les fastcs de la llćvolution. On ne s'est pas contente dc vous donner des lumieres. des eonnaissances, on vous a donnę des intrurs et des principcs de religion; je mc rappellc nvcr un doux souvenir d’y avoir con-triłme. Ces principcs dc religion. on peut lcs perdre dc vue; mais quel temps plus propre a les fairc rc-vivre, ces principcs, quc celui ou Ton devient»ćpoux et ou Pon va bientAt elre pere; la raison presidera desormais k tous vos ćcrits; la sagesse dirigera toutes vos demarches; la religion, cctte religion sainte, vous lui rendrez hommage, parce qu’elle est vraie, qu’elle est divinc. Vous la rcspcctcrez surtout dans vos ćcrits. Si Pon peut etre assez prasomptucux pour sc flatter de pouvoir se passer d’elle dans toutes les infortunes