deux sont meles et ambivalents. Cette opposition binaire est enracinee dans la pensee occidentale depuis Aristote74 et le christianisme lui a attribue une dimension profondement spirituelle. L’absence ou la misę a mai des fronti&res heurtent 1’une des structures les plus profondes de notre pensee.
« Mon visage ressemble a 1 'oreille. II est concave avec dabsurdes boursouflures de cartilages qui, dans les meilleurs cas, ,
correspondent a des zones ou l ’on attend un nez ou une arcade I sourciliere, mais qui, le plus souvent. ne correspondent d aucun relief
| facial connu. A la place des yeux, je dispose de deux boutonmeres
flasques qui sont toujours en train de suppurer. Le blanc de mes globes oculaires est injectó de sang, comme ceux des michants dans |
les litteratures maolstes. Des pupilles grisatres yflottent, tels des ' poissons morts. »7i i
I Le manąue de formę est toujours dysharmonieux parce qu il nous
I menace par Piiwisibilite de 1’essence de 1’objet: Qu’est-ce que c est, cet Epiphane ? Le passage cite de l’exposition de YAttentat nous force a nous I demander: S’agit-il toujours d’un homme ? La difformite nous rend I incertains : Est-ce un visage ou une oreille que je vois ? Ou sont les traits humains ? A peine, peut-on ranger 1’objet en question dans une categorie d’objets. L’amorphe ouvre 1’espace pour la reversibilite; la chose devient aisement son contraire (ceci arrive souvent aux personnages nothombiens — v. , Tach-enfant et Tach—vieillard). Hazel du Mercure perd son identite etant | persuadee qu’elle est monstrueusement difforme. L’amorphe est donc menaęant parce que son identite ne peut pas etre reconstruit, elle est illimitee. i
La difformite se manifeste aussi par la reduction de la lorme : Madame Bemardin Des Catilinaires n’a aucun nez, Pabsence de ses yeux indique qu’elle n’a aucun regard. Sa bouche n’est qu’un orifice a devorer, elle n est pas capable de communiquer. L’autre donc ne peut pas la percevoir, elle n a | pas de visage, de face. Le manque de son expression empeche de connaitre
|?J ^'ensemble, d’aprćs Aristote, est un tout dont aucune partie ne se trouve & l’extćrieur. Nothomb, A.: Attentat. Paris, Albin Michel 1997, p. 11 _ _ I
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