101
Notes cńtiąues
ment sont abordees au moins par deux professeurs : Volney et Men-telle. Barthelćmy Jobert, Franęois Laborie et Daniel Nordman, res-ponsables des introductions precćdant leurs leęons, mettent en ćvi-dence cet aspect original de leur travail qui retiendra plus particulidrement notre attention.
Volney, qui s’est vu confier le cours d’histoire, alors qu’il sem-blait plutot destinć a occuper la chaire de morale, ne consacre que quelques moments dans ses leęons k 1’histoire considćrće comme dis-cipline scolaire. Mais VAvertissement plac6 en tete de 1’ćdition de 1800-1801 (pp. 56-57) rappelle opportunćment le sens d’une dćmar-che pćdagogique originale : amener les auditeurs k rćflechir sur l’his-toire savante dont ils seront appelćs a faire une mati&re enseignće. Et c’est donc au dćtour de sa rćflexion mćthodologique qu’il aborde, k deux reprises (3e leęon, pp. 82-83 et 4e leęon, pp. 91-96), la question de la place de 1’histoire dans 1’education et les programmes cTensei-gnement. Volney apporte une rćponse claire et categorique : 1’ensei-gnement de 1’histoire doit etre banni des ecoles primaires. Cette reponse est en rupture totale avec une tradition solidement ćtablie que le decret Lakanal (27 brumaire an III-17 novembre 1795) consacre en inscrivant 1’histoire dans les programmes de l’ecole primaire. Pour defendre cette position qui n’est pas sans rappeler celle de Rousseau (voir YEmile livre IV), Volney articule sa róflexion autour d’une double problematique : l’age des ćl£ves d’une part, la finalitó d’autre part de l’ecole primaire. Pour Volney, les ćldves de 1’ecole primaire manquant de la maturite necessaire k la misę en ceuvre de 1’esprit cri-tique et d’un apprentissage prematurć de 1’histoire ils ne retiendront que des « prejuges » des « idees fausses et erronćes » (p. 82, p. 91). La fmalite pratique : selon Volney, « si la majeure partie des enfants des ecoles primaires est destinee a la pratique des arts et metiers, qui absorberont tout leur temps pour foumir a leur subsistance, pourquoi leur donner des notions qu’ils ne pourront cultiver, qu’il sera indis-pensable d’oublier, et qui ne laisseront qu’une prćtention de faux savoir, pire que 1’ignorance ? » (p. 91). Est-ce a dire que tout ensei-gnement de 1’histoire sera exclu des Ecoles primaires ? Volney admet qu’un genre « historique » peut convenir aux enfants : le genre bio-graphique. Mais il prend soin d’en souligner les finalites et les limites. « Ce qu’on peut se permettre d’histoire avec les enfants, et j’etends ce nom a tous les hommes simples et sans instruction, doit se reduire k la morale, c’est-&-dire aux preceptes de conduite k leur usage; et, parce que ces preceptes tirćs des faits et des exemples, deviennent plus saillants, l’on peut se permettre d’employer des anec-dotes et des recits d’actions vertueuses, surtout si Ton en use sobre-ment»(p. 91).