« Elle (A. N.) brouilles les pistes et cultive l ’ambiguite comme pour faire oublier que son propos est toujours cette fascination obsessionnelle pour la beautś et son double : le monstre...»242
Alors il y a plusieurs buts et reactions pour lesąuels les arts ne reculent devant la laideur. Elle suscite horreur et fascination (c’est-a-dire une volupte nćgative), furie et haine, peur et paralysie, et avant tout degoOt et repugnance. Elle blesse et insulte.
Revenons a Nothomb. Qu’est-ce qu’elle veut provoquer en le lecteur par son ecriture ? Apres avoir analyse son esthetique du laid basee avant tout sur la presentation de 1’alimentation deviante et malsaine et sur les ecarts corporels, nous sommes persuades qu’un de ses projets principaux est la provocation du degoflt. Comme son personnage Pretextat Tach, elle s’efforce de nous faire vomir. La conclusion du mćmoire essaiera d’expliquer la raison de ce phenomene.
L’univers nothombien est retors a tout sentimentalisme. L’auteur se moque de tout ce qui manque du style ; le laid y est tout dćpourvu d’esprit et d’inventions. Elle s’oppose consciemment aux attitudes chretiennes qui compatissent et protegent le debile, le malade et le difforme. Christ a dejeune avec les pecheurs et a gueri les malades. Nothomb suit pourtant la vision de Nietzsche, son penseur prefere. « Ale miti soucit: to se dnes zove pravou ctnosń u vśech małych lidi - ti nemaji ucty pred velkym neśtśstim, pred velkou ohyzdnosti, pred velkou zrudnosti.» Donc elle ne donnę aucune compassion aux victimes de la laideur, aux monstres qu’elle a crees. Bień au contraire, elle se moque d’eux. « Ce n ’est pas recherche, se defend-elle. Je decris le monde tel que je le vois: il est corrosif et witriole. Ce n 'est pas moi,
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c'est lui qui l est. »
242 .: "Derrićre le miroir", Lirę, 1998, , p. 84
243 « Mais compatir: aujourdłhui, tous les petites gens le nomment une vertu vćritable - ceux-ci ne respectent pas le grand malheur, la grandę hideur, la grandę monstruositć. » Nietzsche, F.: Takpravil Zarathustra. Olomouc, Votobia 1995, p. 244
244 univers.mylene-farmer.com/nothomb/nothcxiedica.htni
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