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tique. Par conseąuent, force est bien de nous en tenir a la raison et de conserver la pondera-tion actuelle
J’en arrive alors a la deuxieme et derniere ąuestion que pose le probleme du nombre des representants. A partir du moment ou l’on convient qu’il est raisonnable, et je dirais meme ineluctablc, d’augmenter le nombre des representants de 1’Assemblee actuelle, par combien faut-il multiplier ce chiffre ?
Un grand nombre de nos collegues estimaient qu’il etait nćcessaire et suffisant de multiplier le chiffre actuel par deux, c’est-a-dire, de pas-ser de 142 a 284 membres. A 1’oppose, un nombre important de nos collegues pensaient qu’il fallait multiplier par quatre le nombre des representants actuels et faisaient valoir essentiellement les considerations que je developpais tout a • Theure, c’est-a-dire. la necessite de contacts aussi frequents et serres que possible entre les electeurs et les elus, et la necessite aussi d’eviter des circonscriptions tellement vastes qu’elles de-viendraient pratiquement inhumaines.
Mais on a fait valoir un certain nombre dc considerations en sens contraire devant les-quelles les tenants du multiple 4 se sont incli-nes.
La premiero, qui tombe sous le sens, c’est que les Parlements nombreux ne sont pas des insti-tutions populaires et que, si l’on associe a 1’idee d’election au suffrage universel de cette Assem-blee cclle d'une multiplication par 4 du nombre de ses representants, nous risquons de nous heurter a des critiques qui, pour etre trop fa-ciles ou meme d’inspiration demagogique, n’en auront pas moins une portee certaine sur le public.
La seconde consideration, c’est qu’une Assem-blee nombreuse n’est pas necessairement la formule la meilleure eu egard a 1’efficacite du tra-vail. Les commissions, dans cette hypothese, de-viennent egalement plethoriques et, par conse-quent, leur travail, qui exige un minimum d’in-timite et de relations personnelles entre les elus, risque de se faire dans de moins bonnes condi-tions.
Enfin, on a redoute que si on allait vers des circonscriptions trop petites on donnerait a la representation d’interets locaux, une ampleur trop considerable.
L’argument, au fond, le plus important, c’est que beaucoup de nos collegues hesitaient a don-ner a 1’Assemblee europćenne un nombre de re-
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presentants quatre fois superieur au nombre actuel aussi longtemps que ses pouvoirs n’auraient pas ete accrus. Et nous retrouvons la ce theme qui a ete si brillamment exposć, hier soir, par M. le president Dehousse, qui a suivi presquc pas a pas la marche de nos travaux. Dans ces conditions, nous avons pense qu’il etait raisonnable de nous en tenir au multiple 3.
Je sais que c’est la un compromis entre deux et quatre. C'est vrai, mais pourquoi, par le fait meme, serait-il coodamnable ? Le multiple 3 aboutit au chiffre de 426 representants pour une population de 170 millions d’habitants. Je ne pense pas que cc chiffre puisse etre juge trop ambitieux voire plethorique si on le compare au chiffre de 435 representants pour les Etats-Unis, dont la population s'eleve a 180 millions d'habi-tants. Ce chiffre sera, en tous cas, encore infe-rieur a celui de la plupart de nos Parlements nationaux. En effet, le Bundestag compte 519 membres, 1’Assemblee nationale franęaise, 546 membres, et la Chambre des deputes italienne 590 membres.
Ce coefficient 3 nous semble permettre, tout au moins pendant !a periodc transitoire, de dis-socier un certain nombre de ces 426 deputes pour les faire elire, au deuxieme degre, par les Parlements nationaux.
Et j’en arrive, ainsi, a la deuxieme grandę question que j’etais charge d’exposer et de trai-ter devant vous, a savoir les liens avec les Parlements nationaux. Sur ce point aussi se pose d’abord une question de principe. On peut esti-mer qu’il est preferable de separor le plus possible les fonctions et les representants dans les Assemblees nationales, Chambres des deputes ou Senats, et a 1’Asscmblee europeennc. On peut estimer que les deux institutions, ayant des vo-cations et des attributions differentes, doivent, non pas s’ignorer, bien sur, mais travailler de faęon nettement separóe. On peut, au contraire, considerer que, dans la mesure ou, comme c’est actuellement le cas et comme ce sera encore le cas pendant longtemps, la construction de l’Eu-rope ne peut progresser qu’avec 1’appui actif, positif des Parlements nationaux, il est preferable dorganiser institutionnellement une coope-ration entre les deux ordres d’Assemblee, voire une espece d’interpenetration qui ne peut d’ail-leurs mieux se realiser que par 1’identite des personnes.
Apres de nombreuses discussions et apres avoir interroge, dans les six pays, tous les ex-perts politiques ou juridiques que nous avons rencontres, nous nous sommes arretes au deu-
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