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Alors que la ceremonie suit son court, on entend la voix de Joveneau : « ...la reprise de Koukouchou, le camp sacre...les Indiens reprennent conscience de ce qu’ils auraient pu perdre, ils ont mis un camp en bois rond... ». La camera nous devoile alors Joveneau, au cótć du chef Bellefleur, qui lui tient une enfant dans ses bras, dans un non-lieu qu’on soupęonne etrc le village apres la ceremonie. Joveneau s’adresse directement a la camera, directement a nous, spectateurs. 11 nous explique que le camp est un point identitaire fort pour les Innus et le compare (en opposition a) aux camps de chasse des Americains. Joveneau est interrompu par 1’enfant qui lui dit en Innu-Airnun : « Tu parłeś trop ». Tout le monde s’esclaffe. Joveneau a cette repartie: «On se bat pour tes droits...». Perrault choisit de retoumer a la celebration pour un plan de sortie, un plan d’ensemble.
Puis (k 42:00) sur un bateau, Serge-Andrć Crete, Alexis Joveneau et Didier Dufour, les trois debout a la poupe. Perrault choisit cette question de Serge-Andre a Joveneau (questionnant la ceremonie du camp): « Quelle est la difference entre ton action sur les Indiens et celle du vendeur de Ford? » Jovencau, estomaque, ne peut que s’esclaffer de rire comrae moyen de defense. II repond a Serge-Andre que lui s’occupe du dedans (des hommes).
Joveneau nous indique ici toute la puissance du symbole face a la perte identitaire, cette pulsion de mort: le camp consacre, Toffrande que Perrault choisit de montrer, le rassemblement, la sanctification, puis la symbolique de la purete par 1’enfant de Bellefleur, toute cette sequence participe a la sacralisation du rituel, jusqu’a la reponse de Joveneau k Serge-Andre qui tente de comparer son action a celle, paienne, du vendeur de voitures.
Ici, face au dćsequilibre, Joveneau explique, s’explique en fait, prend consistance et se justifie par son discours directement a la camera. Deleuze le dira le mieux: « ...on s’aperęoit en premier lieu que le personnage a cesse d’etre reel ou fictif,