30 SAINTB-ANNK DAURAY
M. Cadoret mourut sept ans apr£s, en mai 1822; et c’est alors que s'ouyrit la phase dćfinitive du conflit.
A cette ćpoque Al" de Bausset nćtait plus k Vannes ; depuis deux ans dćjń il ćtait dcvenu archevćque d’Aix.
Dćs que le supćrieur des Jćsuites, le P. Cućnet, con-nut le dec&s du recteur, il rappela au vicaire gćnęral, la dćcision prise en fóvrier 1816 par M*r de Bausset, et le pria de mettre le nouvel ćv£que M«' de Bruc au courant de 1’affaire.
Or, en ce mfime mois de mai 1822, la proprietć du couvent, qui avait ćte. jusque-lA au nom personnel de M*r de Bausset-Roquefort, passait k la mense ćpisco-pale de Vanncs ; et, de ce fait, lattention de 1’adminis-tration diocćsainc ćtait particuli&rement attirće sur la chapclle de Saintc-Anne.
Le P. Cuć net fut d’abord servi k souhait par les cir-constances.
M*r de Bruc, homme de dćcision et dautorite, ne se contenta pas d’approuver la solution de son prćdćces-seur : il voulut la rćaliser aussitót. Et lorsque, huit
les jours de f£te solennelle, et pour faire la cotnmunion pascale. II fallut recourirA l’ćvćque et A M. Deshayes pour obtenir unc cxcinption foimelle sur ces deux point*: « I.orsque j'allai par honnćtctć lui aononcer la chose avec bcaucoup de mćnagerncnts, dit le P. Cućnct, il sc inonta aussitót, mcnaęant mćmc d’cn appe-ler au mtnistre de llntórieur »
S'il consentit cnfin h ce qu'il y eut une grand messe A Sainte-Anne le dimanche et les jours de fóte, il exigea du moins qu*elle ne commenę&t qu'a 10 h. 1/ł, un quart d'beure apris la sienne au bourg. (Memoire du P. Cuinet),-
Le Supćrieur dćsirait aussi nvoir un citnetićre; Me dc Bausset n’osa pas 1'accorder: « Lorsqu'il y avait un dćcis dans la raaison, nous arertissions le recteur, nous prenions son heure pour I'en-terrement. on faisait dans 1'ćglisc de Sainte-Anne corpore preienle tout 1'otlkc des funćrailles. puis on sę rendait & Pluneret, ou ł‘on chantalt l 1'ćgiise les Laudes ou les fópres avant de faire 1’inhu-mation ».
... « Nous sentions tout l inconvćnient de ces droits curiaux. Nous supportions tous les frais pour les proccssions; nous ćtioDS charges des dćcorations, etc., et lorsq,ue nous avions ainti tout prćparć dc notre mieux, le recteur, comme roaitre dc 1’ćglise. pouvait tout dćfaire. » [Młmoiret).
jours aprds le ddcds de M. Cadoret, le supdrieur se prd-senta k l’dvdchd, le prałat lui ddclara que la chapelle dtait devenue sa propridtd, qu'il en dtait le curd nd ; tous les habitants de la maison dtaient ses paroissiens, et le supdrieur du Petit Sdminaire son reprdsentant pour prdsider les fdtes. Afin que la maison fńt libdrei? de toute ddpendance a 1’dgard de la paroisse, il conseil-lait mdme cTdtablir un cimetidre dans 1’enclos... Quant au nouveau recteur, il n'y exercerait aucune juridic-tion, comme le principe en avait dtd posd. Du reste, avant de le nommer, on exigerait de lui une renoncia-tion pure etsimple & toutes les prdtentions de son prd-decesseur ; * et je n’ai pas voulu, ajouta-t-il, arrdter mon choix avant d’en confdrer avec vous. Qui voulez-vous que je nomme? » .
11 dtait important pour le P. Cudnet de ne pas mani-fester des prdfdrences dont il eilt k se repentir.
Or il y avaiten ce moment k Pluneret un vicaire qui paraissait bien rdunir les conditions requises pour se recommander k 1’attention du P. Cudnet. Outre qu’il dtait jeune (1), entreprenant, studieux, sympathique aux paroissiens, il avait nvec les Jdsuites les meilleures relations, lisant leur gazette, consultant leur biblio-thdque, s‘asseyant volontiers h leur table, et, dans les moments d’dpanchement, ne se faisant pas faute de »< bl&mer les susceptibilitds de M. Cadoret sur ses droits curiaux ».
Aussi le P. Cudnet, tout en se ddfendant de vouloir prendre la responsabilitd d’une ddsignation formelle, arriva-t-il tout naturellement k jirononcer le nom dc M. Le Bihan, le seul prdtre qu‘il connót bien, disait* il, et qui dtait du reste <« un hommc de bonne doctrine et de bonne conduite ».
(t) Tr£s jeune mćinc: il avait cnvirou 27 ans.
Nous devons noter cettc circonstance dc l’Age, car ellc explique que lc nouveau recteur se soit laissć influencer comme il l‘a fait, et qu’ll ait adoptó l atiitude que nous lui verrons prendre dans le cours de cette affaire.