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366 SAINTB-ANNB DAURAY
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de la fi£vre qui le travaillait depuis quelques heures, ii mangea sans eprouver aucunc fatigue.
II passa la nuit au cloltre, et dans des souffrances telles qu'A plusieurs repri*es, il crut qu'il allait mourir. Ce fut comme une nuit dagonie.
Le lendemain il se leva de lui-mćme, toute souffrance avait disparu. il ćtait gućri.
Sa mfcre nc l’avait pas revu depuis la veille, od elle l'avait laissć en prifcre devant la statuę miraculeuse. Elle le cherchait maintenant, car il śtait temps de son-ger au retour. Tout 6 coup, elle le vit devant elle, marchant seul k 1'aide d’un bAton.
Aprós avoir entendu de sa propre bouche le rćcit de sa gućrison, elle rentra avec lui k la chapelle pour remercier la Sainte, Dieu sait avec quelle reconnais-sance l
Le retour k Hennebont se fit en deux jours, et quelque temps aprds son arrivće, son bAton ćtait devenu inutile, il marcha dćsormais sans appui, au grand 6ba-hissement de toute la ville qui accourut pour le voir.
Cette gućrison fit grand bruit dans la region ; et sur la demande de l’ćvóque, on procćda k une information juridique et mćdicale.
La premićre enqu£te fut conduite par le sćnćchal, assistć du procureur du roi et d’un ecclćsiastique. On reęut les depositions. de Franęois Talhouet et de sa móre, du mćdecin qui l'avait soignć k ThApital et des deux infirmiers. Dans une seconde cnquóte, on recueil-lit en outre le tćmoignage de plusieurs notables de la ville, qui attestćrent que 1'homme qui se tenait devant eux sain et gaillard ćtait bien le cul-de-jatte qu'ils avaient vu si longtemps se tralner dans les rues de la ville (I).
Adribn Judeaux. — Vers la Saint-Michel 1628, Adrien Judeaux, ouvrier charpentier du village de
(t) Les documcntsofficiels de cet ćvćnement sont conservćs «ux •rchives dćpartementalcs.
Guidy en Messac (Ille-et-Vilaine), fut pris d'un mai si vioIent dans tous ses membres qu’il dut s’aliter. Bien-tót m6me le mai se dćveloppa de telle sorte que les nerfs se raccourcirent, les jambes se recroquevillórent, et tout le bas du corps devint inerte.
Le pauvre paralytique passa plus de six mois dans cet ćtat, en proie k d’atroces souffrances, incapable de se transporter, mime de se remuer: immobilitć com-plfcte qui lui faisait une existence intolćrable.
Sur les entrefaites il entend parler de Sainte-Anne d'Auray, et des secours extraordinaires qu’on y obte-nait.
Ces rćcits font naitre un espoir dans son cceur: s’il pouvait se rendre lui-móme, comme tani d’autres ma-lades, au sanctuaire bćni, n’y trouverait-il pas la guć-rison que les mćdecins ćtaient impuissants k lui pro-curer?i..
Aussitót il se met en priAre. Ce qu’il demande k sainte Annę, lui, ce n’est pas la gućrison immódiate de son mai, mais une simple atlćnuation qui lui permette de se trainer jusqu’& la chapelle miraculeuse. II se disait: « Que je puisse seulement faire le voyage, mfime au prix des plus vives souffrances! Une fois lA-bas, je sup-plierai tellement sainte Annę qu'il faudra bien qu’elle ait pitid de moi. »
Son premier dćsir fut exaucć. Son mai ne disparut pas; maisayant recouvre un peu de force dans les bras, il put quitter son lit; et, k 1’aide de deux petites be-quilles, se conduire lui-móme, non toutefois sans ćprou-ver toujours de trfes vives douleurs.
Dans ces conditions son vceu 1'obligcait k partir, et il partit en effet plein d'espoir.
Alors commenęa ce voyage mouvementć, restć c6-lóbre dans 1’histoire du PAlerinage, dont chaque ćtape allait mettre sa patience si durement k l'ćpreuve.
Des voisins complaisants le transportent de son vil-lage jusqu’& la Yilaine. LA, sur la berge, il attend qu un