INTRODUCTION
Depuis trente ans maintenant que je marche avec une camera a la main, arpentant
notre territoire commun, notre territoire visible (Quebec, Etats-Unis, Palestine,
Haiti), que je developpe un (mon) langage cinematographique, toujours dans le
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meme but: voir, faire voir, comprendrc, a la recherche de mon « Etre », de mon ame, du moi profond : Je est un Autre. Ce que je donnę a voir est fait de mon passe et de mon present et aussi d’influences ; je m’inscris dans une lignee bien definie de cineastes d’ici, celle du cinema documentaire d’auteur, avec une faęon de faire etablie dans une pratique qui est mienne, qui m’est propre, moi, le Quebćcois d’Amćrique franęaise. Et voila que le sujet de ce mćmoire, cette interrogation & propos du point de vue cinematographique sur les Nations Premieres, est en quelque sorte le reflet de ma pratique. Mon film, Paroles Amerikoises (2013), que j’ai fait en parallele avec la scolarite de maitrise, a ete projete en ouverture du Festival Presence Autochtone de Montreal 2013. Faire cette recherche solidifie ma pratique et m’ancre dans le reel, un reel partage par d’autres chercheurs.
Alors, quel regard les documentaristes quebćcois portent-ils sur les Autochtones selon l’ćpoque?
Voild une fausse question qui nous renvoie a la pratique et ses outils alors que le sens reel de cette recherche porte sur le point de vue et la manićre. Car l’epoque du cinema, de notre cinema, est toute jeune, a 1’instar de ce pays affabulć, de notre pays reve; on dira plus volontiers Tćpoque de 1’image en mouvement. II me faut reformuler cette question et parler d’epoques culturelles, de territoires culturels : comment les cinóastes d’ici ont-ils filmć les Autochtones au fil des ans et si mani&re diffórente il y a, peut-on en degager des attributs communs qui en definiraient les frontieres territoriales dans le sens culturel, c’est-a-dire des paradigmes