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appliquee aux temoignages des Juifs, les femmes constituaient souvent de prścieux tśmoins indispensables a la condamnation d’un śventuel prevenu.
Concemant les reproches relatlfs, les juristes discutaient “pour savoir si les avocats et les procureurs etaient ecartes de toutes les affaires de leurs clients ou seulement de cel les ou ils avaient exerce leur ministśre”.100 Cette question est soulevee dans une affaire de 1242 opposant quatre banniers de Manosque a Pontius Calos. Dans cette affaire, Pontius Calos avait eu recours au temoignage d'Anna dont la bonne renommee etait misę en doute. Les banniers dścident donc de rappeller les faits entourant la situation d’Anna et font entendre le tśmoignage du juriste qui avait prśparś la defense de Barcellena, alors accusee d'avoir tenu des propos diffamants sur Anna.161 L'annonce du temoignage de l’avocat souleve la protestation de Pontius Calos: 'Protestatur Pontius Calos quod R. David non debet recipi in testimonio istius cause quia fuit advocatus in causa Annę contra quam producti sunt testes".162 Uoriginalitś de cette protestation et Targument juridique sur lequel elle se fonde seraient demeures incompris sans ia connaissance de Taffaire opposant Anna a Barcellona. D'autres reproches relatifs frequents concemaient les domestici (parents, conjoints et enfants) et les familiares (fermiers, vassaux) qui pouvaient temoigner en cour uniquement contrę le maitre de ia maison et non pas pour sa defense.163 “Ces idees conduisaient a permettre au mari et ś la femme de temoigner Tun contrę rautre”164 ce qui pose le probleme de Tautorite du mari sur sa femme. Sur la question, Guillaume Durand propose de ne pas ecarter le temoignage de la femme qui ne craint pas son mari.165 En fait, on constate avec 1’etude des actes de la pratique que les temoignages des domestici, femmes ou enfants, livraient de toute faęon tres peu
'^Bernard Schnapper, ‘Testes inhabiles'\ p. 149.
,6IVoir supra, p. 81.
16256H 944, f. 24v. 26-11-1242.
l63Bemard Schnapper, Testes inhabiles”, p. 149-150.
164Ibid, p. 150.
165Ibid, a la notę 29 Bernard Schnapper renvoie au passage du Speculum, 1,4, de testes, 1, no. 15, sed quid de uxore et viro.