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met en lumiśre leur caractere unique et peut rendre plus difficile leur analyse globale. Nśanmoins, chacune livre ainsi une foule de renseignements qu'une śtude gśnśrale aurait laisses dans Combra.
Reprenons Paffaire d’Anna et de Barcellena. Entre le moment ou les deux femmes presentent ś la cour leurs recriminations et /'instant ou le juge prononce sa sentence, les positions des parties sont formulees et les tśmoins sont entendus. Barcellena s'appuie d’abord sur la fama pour affirmer qu'Anna est diffamśe. On pourrait alors en deduire que le fait de l’avoir traitee de prostituee ne peut śtre considere comme une injure. Au totaf, quatre des cinq tśmoins prśsentes par les deux parties confirmeront chacun une partie des accusations portśes contrę Anna.23 La reclamation de vingt sous d'Anna a Barcellena pour lui avoir dit qu'elle s'etait parjuree est accordee par le juge alors que 1’accusation plus importante relative a la prostitution n'est pas retenue.24 Les propos de deux tśmoins qui confirment (a fama au sujet d'Anna sont donc reęus comme preuve. Le montant reclame par Anna pour 1’injure de parjure, soit vingt sous, correspond donc au tiers de ce qu’elle exigeait. Barcellena se voit elle aussi adjuger une somme nettement en-dessous de ses reclamations. Comme le terme meretrix exprime l‘une des injures qui fait 1’objet d’un article du tarif des peines, il est possible d'etablir une comparaison avec la reglementation en vigueur dans le cadre d'une poursuite inquisitoire. L'article “Si quis conjugatam meretńcem vocaverir prevoit une peine de dix sous.25 Uecart entre les deux sommes est considerable, mais s'explique par des objectifs totalement differents. Dans le premier cas, ii s’agit de dedommager fa victime, de reparer Poffense. La valeur de la peine est donc directement fonction de la valeur accordee a 1’insulte et a la personne qui en est victime. Dans le cas de Pamende du tarif, il s‘agit d’une peine au profit de la cour. Le montant de dix sous est alors une limite imposee a
^N/oir piece justificative no. 3, 56H 944, f. 48v., 07-11-1241, p. 308.
24On se rappellera qu‘Anna reclamait quarante sous pour s'etre fait qualifier de prostituśe, ameretrix”.
Isnard, Livre des privilóges, p. 62.