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au poć te par des patemitćs litteraires trop oppressantes. La dćcouverte du premier poćteiavoir atteint l'espace "franc" libćre Marot/rat de son respect face a la Grandę Rhćtorique»3 9. En s'affranchissant comme il le fait des formes fixees par la tradidon, Marot s'impose donc comme Ie disciple de Villon.
Le souvenir de VilIon dans «LrEnfer» de Marot et dans les pićces reiadves a son emprisonnement est d'autant plus jusdfić qu’i Finstar de son modćle, Marot padt en prison. Les deux hornmes sont donc non seuiement indmement lies sur le plan litteraire, mais egalement en rai son de leur desdn individuel. Berchtold constate ainsi que «Marot [...] se tourne vers celui quil institue comme "grand firćre" et devancier, et dont toute rceuvre poedque rend cornpte, comme de faęon prćfigurative. de l’expćrience qu51 est en train de vivre en 1526»1 2 °. Uhćritage litteraire de VilIon recueilli par Marot semble dćs lors ćminemment solidaire du legs du sort indhnduel de son devancier. On se retrouve ainsi devant le meme schdma relationnel qui unit Dolet a Marot et qui, par consćquent, incite le premier k s’identifier au second. Claude Longeon affirme en effet quł«il est sur que Dolet ne cessera de voir en Marot rexemple meme du crćateur de gćnie persecute par les medocres, le compagnon de sa glorieuse solitude*4 1; Gćrard Defiaux abonde dans le mdme sens: «Dolet a trouve en [Marot] un etre dont les valeurs et le destin ćtaient en tous points comparables aux siens, un esprit frdre, pour tout dine un modele avec leąuel il a pu immediatement s'identifier»4 2 Ort sril s'avfere difficile de juger si c'est lTićritage du sort individuei
9 J. Berchtold, ibid., p. 159. Sur rćmancipation de Marot ftce k ia tradidon littćraire, voir rarticle de G. Defain citćsupru, p. 45, n. 5.
40J. Berchtold, ibid* p. 158.
1 C. Longeon, «Introduction* au Second Enfer dlL Dolet, Gen£ve, Droz. 1978, p. 27.
4 2 G. Defarn, «Ctóment Marot et ses ćdidons lyocmaises. Śtienne Dolet, Sćbastiea Grypbe et Franęois Juste», Revue dHistoire Lmćrażrede la France, XVII, 6, 1993, p. 834. Pour pousser encore plus loin l'analogie de la reladon qiu, d*une part, unit Marot k Villon et, (fautre part, associe Dołet i Marot, rappeions le tvavail ćditorial que les premiers out tous deux coosacrć aux ceuvres du modele exemplaire dont ils se róclament Marot a en effet doonć one ćdidon des (Euvres de Villon panie k la fin de 1533 chez Galiot du Prć k Paris. Voir M. Lazard, «Clćment Marot editeur et lecteur de VilloQ», Cahiers de rAssociarion imemarionale des faudes Franęaises, 32, mai 1980, pp. 7-20. Uunportante prdfice de Marot qui figurę en tete de cette ćditkm est reprodmte dans 1’artide de F. C Grcen, «Marofs Preface to His Edition of VflIoo’s Work*, Modem Philology, XXIL l, aout 1924, pp. 69-71.