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Comptes rendus
ROUX (Simone). - La Rive gauche des escholiers (XVe siecle). -Paris : Ćditions Christian, 1992. - 186 p. + 32 pl. h.-t.
Simone Roux est 1’auteur de belles recherches, malheureusement encore en partie inedites, sur la topographie de Paris a la fin du Moyen Age. C’est dans ie prolongement explicite de ces travaux que se place le prćsent ouvrage consacre a la vie du Quartier Latin au XVe sićcle. On n’y trouvera ni analyse des doctrines enseignees a l’univer-site de Paris a cette epoque, ni meme etude des institutions d’ensei-gnement proprement dites. Le propos de 1’auteur est plus concret. II est d’abord d’evoquer la presence materielle de l’universite dans le paysage urbain de la Rive gauche ; les colleges en sont evidemment 1’ćlement le plus caracteristique, mais il faut aussi mentionner les boutiques liees a l’universite (parcheminiers et libraires), les (peu nombreuses) salles de classe des facultes, les eglises ou se tenaient les conseils et assemblćes universitaires, les hótels personnels de certains maitres.
La seconde partie du livre releve davantage de 1’histoire sociale. S. Roux y evoque, a partir de documents d’archives, quelques figures de maitres et d’ecoliers ; elle decrit aussi, en s’attachant a leur aspect le plus quotidien, qui n’excluait pas un certain pittoresque, l’exis-tence des gens des ecoles et leurs conditions habituelles de travail. Elle en conclut que, par-dela quelques incidents violents trop souvent mis en exergue, la population universitaire vivait en etroite symbiose avec celle de la ville - ou du moins du quartier, chacun trouvant en definitive son compte a cette cohabitation generalement pacifique.
La troisieme partie se prćsente d’abord comme une histoire poli-tique et evenementielle assez classique de l’universite. Mais c’est sur-tout 1’occasion, pour S. Roux, de souligner a quel point runiversite a finalement adopte, face a 1’histoire mouvementee de la France a la fin de la guerre de Cent Ans, des positions tres proches de celles de 1’ensemble de la population parisienne. Et c’est egalement au meme titre que 1’ensemble de cette population qu’elle a subie, surtout apres 1436 (reprise de Paris par Charles VII), 1’appesantissement d’une autorite royale desormais decidee a imposer a tous l’« ordre commun du royaume », aux depens des antiques franchises et libertes, tant urbaines qu’universitaires. A ce propos, S. Roux s’eleve avec vigueur contrę le diagnostic de « decadence » traditionnellement porte contrę l’universite du XVe siecle. A dire vrai, une appreciation globale devrait malgrć tout prendre en compte le contenu des enseignements et il est probable qu’ici, il serait difficile d’ecarter toute notion de sclerose. Mais il reste que la transformation des institutions et la perte de certains aspects traditionnels de 1’autonomie participaient de l’evolution politique generale du temps. « La gloire [de l’universite]