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ćcriture, cette souffrance se manifeste sous la formę d'une empathie pour mes personnages (empathie provient du grec et signifie souffrir avec), et Penvie m'est venue d'experimenter un univers theatral oii les personnages deviendraient fous, jusqu'& en souffrir.
Par respect pour 1'infmie diversite qui renvoie a la notion de folie et parce qu'il est sain que cette notion reste ouverte, je n'ai pas voulu rendrc compte exhaustivement de ses caracteristiques. Par contrę, au vu de mes lectures, j'ai aborde les aspects suivants car ils correspondent a des elements de mon ecriture. Si Erasme77 souligne les dćfauts que provoque la folie, c'est parce qu'il aborde ce qui constitue chez celle-ci un ecart par rapport a la normę. En ce sens, elle est interessante a exploiter au niveau litteraire. Et surtout au thćatre puisque le theatre lui-meme est un espace de misę a distance de la normę. D’autre part, selon Smadja12, la folie contredit les principes de la raison puisqu'elle vient reinterroger la sagesse. En effet, quoi de plus polćmique que la folie puisqu'elle est en porte a faux avec ce qui constitue la noblesse de la philosophie : les procćdćs qui tentent d'approcher la verite. Ainsi, mon ecriture a une portee polćmique et c'est grace, cntre autres, au sujet de la folie, que je plonge au coeur du debat.
Ensuite, Foucault13 insiste sur la volontó medicale de designer la folie comme relevant du domaine de la maladie mentale, donć d’etre Pobjet exclusif de Pótude scientifique, soumis a des traitements medicaux et dont la cause ne releverait plus de la responsabilitć de la societe mais de celle du medecin et de Pindividu atteint. La question est soulevee : mais comment, alors, au XXIeme siecle, aprós toutes les tentatives autoritaristes et dćshumanisees des siecles passćs, traiter la folie? Moi, je veux poser la question & travers un nouvel angle de vue, un nouveau paradigme, toujours a travers mes ecrits, comme on le verra dans la dćfmition de la sexophonite aigug. Enfm, Paspect qui m'interesse sur la folie chez Freud14,
11 ĆRASME, dans L'eloge de la folie (Paris, Verda, 1777), fait allusion h Pivrognerie et k 1'ignorance. Parmi ces manques de vertu se font face le narcissisme (Philautia), la flatterie (Kolakia), 1'oubli (L^thć), la paresse (Misoponia), le plaisir (Hedone), Pćtourderie (Anoia), PirTĆflexion (Tryphe), 1'intempćrance (Komos) et le sommeil profond (Eegrctos Hypnos).
*2 SMADJA, Isabelle, La folie au theatre, Regards de dramaturges sur une mutation, Paris, Presses Universitaires de France, 2004, p. 11.
13 FOUCAULT, Michel, Histoire de la folie ó Vdge classiąue, Paris, Gallimard, coli. Tel, 1972, p. 345.
14 FREUD, Sigmund, Metapsyekologie, Sarthe, Gallimard, coli. Folio essais, 1968, p 12.