a rćalise ces conceptions dans le socialisme sans tenir compte des possibilites concretes, grace a des methodes intolerablement violentes et polici^res, parce qu’il a ćtouffe la librę critique et proclame ennemi du peuple quiconque s’opposait a de tels actes et a de telles conceptions, il tombe sous le coup de la critique. Telles sont, du moins fonda-mentalement, les racines profondes de la crise grave qui dans ces pays secoue le socialisme depuis deja plusieurs dizaines d’annćes. La crise peut etre adoucie par une prosperitę economique, par 1’elargissement des libertes publiques, etc. Mais tant que les structures de rapports que nous avons dćcrites ne seront pas detruites, le socialisme n’echappera pas a la crise. Les moments essentiels de la libćration de 1’homme echappant aux sphóres politiques et economiques du pouvoir ne sont pas »derri£re«, mais toujours »devant«, comme une tache historique.
III
Etant donnę le d£veloppement du socialisme yougoslave et en par-lant le plus generalement possible, on pourrait le definir comme une lutte pour la voie personnelle, pour la rćalisation de conceptions mar-xistes originales (la dćsalienation, le socialisme humanistę, 1’autoges-tion, 1’autodetermination nationale, etc.), ce qui n’est que le deuxi£me cóte de l’6chec aux conceptions hćritees du stalinisme et de la III' Internationale. Ce processus commence essentiellement en 1941. II dure encore et il serait illusoire de croire qu’il puisse s’achever avec les projets actuels, sujet sur lequel nous reviendrons. C’est la victoire sur certaines conceptions bien dćterminees concernant les voies de la re-volution, le role de l’6tat, du parti, la democratie a 1’interieur du parti, l’6conomie planifiee, la solution des questions nationales, la fonction des arts et des Sciences, les »transmissions« politiques et sociales, etc.
La voie empruntće par notre revolution socialiste etait diametrale-ment opposee aux vues officielles de la III* Internationale: elle ćtait donc, a la base, anti-staliniste. Mais tout cela n’etait pas encore plei-nement conscient, notamment la necessite d’un processus futur tout a fait independant de la revolution. II n’y avait d’autre »modele« que le modele sovietique, et il n’est pas etonnant que dans une premiere eta-pe, aussitót apr£s la revolution armee, on ait pris beaucoup au syst£me sovietique. C’est-a-dire que les conceptions concernant les probl^mes essentiels de la dictature du proletariat et de la democratie socialiste etaient souvent sous 1’influence d’une interprćtatiton stalinienne du leninisme.
Cependant, au cours de cette periode, le syst^me lui-meme ne pou-vait pas etre affecte de crises plus profondes pour diverses raisons. Tout d’abord, la fraicheur de l’extraordinaire exploit revolutionnaire des communistes et des peuples yougoslaves ćtait encore prćsente dans la vie quotidienne des premiires annees d’apr£s-guerre; deuxieme-ment, une centralisation plus developpće n’ćtait pas encore necessaire pour assurer la dćfense de la futurę revolution, et enfin, trois ans a peine avaient passć que deja notre revolution se heurtait au stalinisme et 4 8es pretentions. La conception et la rćalitć ćtatiques encore non
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