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prete — comme nous l'avons deja souligne ci-dessus *— dans le sens d'un refus oppose a la tendance de plus en plus accusóe d.’accorder a la philosophie un champ de manifestation independante, different de celui de la theologie. La lutte d'idees connue sous le nom de <tla ąuerelle hesychaste », quia marąue le regne de Jean V Paleologue, ne couvrait pas uniąuement la ąuestion theo-logiąue, presentant aussi un cóte social-politiąue. Son resultat devait s'in-carner dans la perpetuation de l'universalisme medieval a Byzartce, ainsi que dans 1'unite philosophie-theologie, et Empire-Sacerdoce. Aux tendances de sepaiation entre les deux dernieres puissances, la tradition byzantine a repondu en resserrant ćncore plus leurs liens.
1. LE MAINTIEN DE L’UNITĘ TRADITIONNELLE ENTRE L’EMPIRE
ET LE SACERDOCE
La synthese byzantine sut maintenir intacte son aptitude a freiner toute tendance centrifuge susceptible de dissocier ses elements composants; elle sut imposer jusqu'a la fin 1'unite de la philosophie et la theologie, du monde d'ici-bas et de celui de l’au-dela, du peuple byzantin et du peuple « ćlu * de la Bibie, de la capitale de Byzance et du Jerusalem celeste, des lois lalques et des canons ecclesiastiques, et enfin, last but not least, 1'unite de l'Etat et de 1'Eglise. L'echec des tentatives de separation a consolide la theorie de 1'unite entre 1'Empire et le Sacerdoce. De meme que par le passe, la clef de vofite de cette theorie fut l’idee imperiale. On pensait qu'avec Constantin le Grand 1’Empire romain etait devenu chretien suivant le modele de l'ordre celeste. En tant que reprćsentant du Seigneur sur terre, 1'empereur ćtait tenu d'orga-, niser 1'Empire, d'instituer la justice et de maintenir la paix a 1'interieur de cet Empire basileia »). Source de loi, parce que situe au-dessus de la loi («princeps legibus solutus*), l'empereur se devait de fonder entierement son activite sur les principes chretiens. Son pouvoir de decision dans le domaine ecclćsiastique etait devenu presque tout aussi discretionnaire que dans le. domaine des affaires d'Etat. Si le VIe siacie legifera la complete independance de l'empereur par rapport a la loi civile, le canoniste Theodore Balsamon affir-mera plus tard que l'empereur n'est assujetti ni aux lois lalques, ni aux ca-nons ecciesiastiques 18.
Cette sorte d'idees se retrouvent sous le regne des Paleologues. L'empe-reur de droit divin, « par l'imitation'(mimesis) du Seigneur, qui gouverne
tout », modele (archetypon) propose a ses sujets19, etait le protecteur (pros-
tates, proaspistes) de l’Eglise, de meme que le patriarchę; mais la protection
de l'empereur ne se rapportait pas seulement k 1'organisme ecclesiastigue,
car elle) s'etendait aussi aux enseignements dispenses par lui, l'empereur
ćtant le « defensor fidei » (epistemonarches tes ekklesias) 20. Si le patriarchę
18 J.-P. Mignę, Patrologia Graeca (= PG), voI. 138, col. 93 A-Cf
19 I. Cantacuzenus, Historiarum libri IV\ voI. III, Bonn 18)32, p. 351, ligne 16 et p. ZA9, lignes 6—8.
20 MM II, p. 2; V. Laurent dans «Revue des Etudes Byzantines 13, 1955, p. 16 et 30, 1972, p. 148;- J. Meyendorff, Introduction ó lótudo de Grigoire Palatnas, Paris 1959* p. 387; B.-P. Raybaud, Le gouvernement et ladministration centrale de VEmpire byzantin sou9 les premiers Paleologues (1258— iZsi)> Paris, 1968, p. 48—19^