3 L/image de T«autre • dans les manuels bulgares 33
Bulgares, le conduit a souligner a plusieurs reprises que les Bulgares ont eu beaucoup plus longtemps un Etat independant au Moyen Age, qu'ils ont eu des rois beaucoup plus glorieux qui ont laisse une tracę plus durable dans 1'histoire. Paisij consacre un chapitre entier de son Histoire aux rois serbes dans le seul but de mcntrer la supćrioritć de « nos » souverains sur les souverains « etrangers », en soulignant que les tsars bulgares ćtaient plus vail-lants dans les combats, plus honorables, d'une moralitć plus ćlevće et plus avantageux au physique.
Paisij n'hesite pas a affirmer que « de tous les Slaves, les plus glorieux etaient les Bulgares, les premiers qui se sont appeles tsars, les premiers k avoir eu un patriarchę, c'est eux qui se sont convertis les premiers, c'est eux qui avaient possede le plus de territoires. C'est pourquoi, de tous les Slaves, ils ćtaient les plus puissants et les plus honores, les premiers saints slaves ćtaient sortis du peuple bulgare.,. avant tous, les Bulgares avaient commencć a lirę dans leur propre langue». Ils ont contribuć a la diffusion du christianisme parmi les autres Slaves.
Dans 1'Histoire de Paisij, les Turcs sont reprćsentes comme des oppres-seurs, des pilleurs, des destructeurs de l'Etat, de la culture, de la litterature du peuple bulgare. L'envahisseur est peint avec les traits les plus noirs, les emotions les plus fortes ćtant provoqućes par les scśnes des nouveaux mar-tyrs de la foi qui avec la religion orthodoxe, ont dćfendu aussi leur nationalite. II est soulignć que les Bulgares supportent plus peniblement 1'oppression des Agariens (infidśles, impies) par rapport aux autres peuples balkaniques car ils se trouvaient plus pr£s de Constantinople.
Les voisins balkaniques occupent une place periphćrique dans l'His-toire de Paisij. Les Roumains y figurent sous le nom de Valaques, les Prin-cipautćs danubiennes sont appelees les deux Valachies et il y est question des cas ou les tsars bulgares avaient conquis ces territoires et y avaient imposć la langue bulgare et la religion orthodoxe.
On pourrait affirmer, d'une manierę gćnćrale, que dans l'Histoire de Paisij, le Grec se prćsente comme 1'ennemi numćro un et c'est k sa deserip-tion que sont consacres peut-6tre les plus grands efforts. Cela s'explique par le fait que la socićtć grecque s'etait engagle relativement tót dans la sphere des rapports bourgeois et par lk sa culture, sa langue et sa littćrature sont devenues une menace pour la conscience nationale bulgare pas encore assez affermie.
Durant les premieres decennies du XIX® sićcle, dans la vie spirituelle bulgare se sont formees deux tendances fondamentales qui ont marquć la production littćraire a l'usage des ecoles bulgares. D'une part, c'est la ten-dance representće par les continuateurs de Paisij qui popularisaient ses idćes en recopiant son Histoire. Ils approfondissaient son orientation anti-grecque par les additions qu'ils apportaient a cet ouvrage. Dans cette tendance s'inscrit 1'edition imprimće de ce livre, realisee en 1844, et qu'on utilisait a 1'enseignement de 1'histoire. Dans cette voie ceuvraient aussi les anciens ćlćves des ćcoles grecques Vasi.l Aprilov et Ivan Seliminski qui ont fait le maxiwum d'efforts en vue d'eloigner les jeunes Bulgares des etablissements scolaires grees et les orienter vers les centres culturels slaves. Dans cette tendance s'inscrivent egalement certaines ćditions, realisees durant les pre-miśres dćcennies du XIX® si&cle, d'extraits de 1'histoire de Jovan Raić et de Jurij Yenelin, dont l'objectif ćtait de mettre l'accent sur l'unite slave.
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