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Er. meme temps, les premieres dćcennies du XIX® sićcles ont vu se former une autre tendance, liće, elle aussi, aux noms d'anciens śleves des ecoles grecques, tel Petar Beron qui a publić en 1824 le celebre « Riben buk-var » (L'Abćcódaire au poisson) ou figurę l'Antiquite grecque, avec ses hśros, ses mythes et ses maximes. Cette tendance ćtait exprimee par d'óminents savants bulgares, tels Neofit Bozveli, Neofit Rilski, Emanuil Vaskidovic, Rajno Popovic, Hristaki Pavlovic. En 1835 vient de sortir a l'usage des ecoles l'ouvTage, en plusieurs volumes, de N. BozveIi et de E. Vaskidovic « Slavenobolgarskoe detovodstvo » ou l'on parle en termes trćs chaleureux des Serbes et des Grecs. Les habitants du royaume grec y sont dćcrits comme des « Grecs, descendants hellćniques de confession orthodoxe, a 1'esprit fin et curieux ». De 1835 datent aussi les manuels de Rajno Popovic et de Neofit Rilski, qui recommandent aux jeunes d'etudier le grec car « les Bulgares sont e troi tern en t lićs avec les Grecs et ont beaucoup a apprendre d'eux».
L'annee suivante (1836) on vient de publier « Br£ve histoire gónćrale * de 1'historien russe Ivan Kajdanov, a laquelle le traducteur bulgare Anastas Kipilovski a fait des additions pour les óvenements survenus aprds 1800. Dans ce livre, cn retrouve 1'histoire de 1'Hellade antique et plusieurs fois sont soulignćes les acquis des anciens HelRnes dans tous les domaines de la culture. A Byzance est consacrće une page, redigće entidrement dans 1'esprit de l'his-toriographie des Lumi&res qui rejette le Moyen Age. A la Grece contemporaine sont consacrees deux pages et demie qui ćvoquent les luttes de libćration des Grecs et leurs efforts d'organisation de l'Etat grec indćpendant. Cet ouvrage reprćsentant les Grecs sous un jour entiśrement positif etait diffuse a un nombre d'exemplaires relativement grand pour ce temps; il śtait destin<6 en outre a 1'enseignement de l'histoire dans les ócoles.
De la dćcennie suivante datent encore quelques exemples rśvćlateurs de manuels ou se manifeste la conscience des auteurs que les jeunes Bulgares devaient &tre ćlevćs dans un esprit de tolćrance k l'6gard de leurs voisins. II convient de mentionner sous ce rapport les manuels de geographie de K. Fotinov et de Iv. Bogorov. Dans la geographie de Fotinov, parue en 1843, on parle avec un profond respect de 1’ancienne Hellade et de ses acquis. Dans sa description des diffćrentes formes de gouvemement, Fotinov souligne que les Grecs et les Serbes comptent parmi les peuples qui ont un Etat avec une gestion ćquitable, ce qui leur permet de developper leurs ćconomies et leurs cultures. Voici un extrait de l'expos6 sur la Grece dans le livre de Fotinov qui a eu un tirage considerable pour son temps — 2 795 exemplaires :« L'Hel-lade a un climat agreable k l'air pur et dćlicieux, au sol tr£s fertile ... Ses habitants sont au nombre d'un million, ils appartiennent a 1'Eglise ortho-doxe. Les Hellśnes sont les dignes hśritiers de leurs illustres ancetres, ils ont 1'amour des etudes et de 1'instruction... La principale ville del'Hellade est Athenes, ville tres celebre en raison de son ancienne gloire qui fut autre-fois une source de sagesse, la capitale du monde des Sciences et des arts, c'est aussi la capitale de 1’Etat hellene, florissant chaque jour par son riche com-merce et artisanat, possćdant de beaux edifices pour ses nobles habitants ». Ces appreciations de Fotinov sur la Grece et les Grecs, contenant tout ce qu'on pourrait dire de plus positif sur un peuple, cohabitent avec une propagandę patriotique ardente ne cedant en rien aux appelr lancćs par Paisij. Cette alliance d’un ardent patriotisme et de tolćrance i l'egard de «l'autre », et la disposition de reconnaitre ses mćrites, temoignent des idćes dlevdes de