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victoires qu'ils remportaient dans les combats contrę les rois grecs. Les Grecs sont des allićs ruses et perfides qui n'hósitent pas devant la trahison et la traitrise. Dans le recit de Paisij, est reprósentóe la sc&ne de l'aveuglement des soldats de Samuil par Basile le Bulgarochtone. On retrouve aussi Kfum, le vainqueur, avec la tete de Nicśphore transformee en coupe d'or. Autre-ment dit, l'acte de cruautó acquiert nne valeur differente en fonction de ce que celui qui l'a commis est « sień » ou * etranger *. Le rćcit sugg&re par voie directe ou indirecte l'image de « l’autre » auquel on se compare pour montrer la supćrioritć du « sień ». Cette methode de formation du sentiment national reflćchit sur 1'attitude a l'ógard de «l'autre» qui est ćvidemment inferieur dans tout et en tout aux « siens». Les Bulgares avaient un Etat beaucoup plus puissant que les Grecs qui leur payaient souvent tribut. Le terme de «joug grec » est introduit pour designer la periode de la domination byzan-tine. On insiste sur le fait que les Byzantins ćtaient responsables de l'invasion ottomane car ils avaient appelć a l'aide les Turcs contrę les Bulgares. On montre le róle funeste de la femme grecque entrće dans la familie des souve-rains bulgares. Certes, les Grecs sont plus instruits, plus savants et cultivćs, les Bulgares sont simples et ignorants, mais combien plus francs et honn&tes. Au raffinement et aux bonnes manićres grecques, mais combinśes a la ruse, a la perfidie, a 1'orgueil et k la malhonndtete, est opposć le Bulgare, simple, mais bon, hospitalier et charitable. L'image du commeręant qui suscite de la mćfiance et de 1'hostilitć chez plusieurs hommes de lettres grecs de cette epoque, est chargóe chez Paisij non seulement d'une hostilite sociale, mais aussi d'une hostilite nationale, et il lui oppose le simple laboureur, berger et artisan bulgare.
L'opposition du Bulgare a «l'autre * — le Grec — s'opere dans 1'His-toire de Paisij par des exemples puisós a une ópoque plus proche de lui. « L'autre», cette fois-ci comme representant du clerge, est accusć en la per-sonne des patriarches de Constantinople, d'avoir detruit le Patriarcat de Tamovo et non sans l'appui des Turcs, et de nommer pour archevśques bulgares uniquement des Grecs. Cest encore a cause d'eux que les Bulgares n’avaient pas d'ecoles, ni de livres, et leur langue se dćgradait. La critique du clerge pour sa politique de pillage que nous retrouvons aussi chez de nom-breux auteurs grecs, serbes et roumains, reprćsentants des Lumióres, acquiert ici la vigueur d'une propagandę anti-grecque. Pour Paisij, les Grecs sont 1'etemel ennemi des Bulgares qui ont fait la guerre aux Tartares, aux Magy-ars, aux Allemands, aux Latins et aux Serbes k differentes epoques, mais avec les Grecs, les Bulgares sont en continuels conflits et tres rarement en paix. Cependant, malgrć les hostilitćs permanentes, Paisij pense que les Grecs savants et instruits, de\Taient se coaliser avec les Bulgares, incultes, mais forts et courageux, contrę 1'ennemi commun, c'est-k-dire qu'il considśrait les Grecs comme un alliś potentiel des Bulgares.
Paisij est fier de 1’appartenance des Bulgares a la grandę familie des Slaves dont il fait remonter la gónćalogie k Mosoch, le sixićme fils de Japhet,
fils de Noe. II enumere parmi les Slaves les Serbes, les Croates, les Russes,
les Slaves germaniques de confession romaine. Eprouvant une sympathie
evidente a l'6gard des Serbes, Paisij s'arr6te en detail sur leurs rois et sur
les liens dynastiques entre les souverains biilgares et serbes. En m&me temps,
cependant, la tache fondamentale de consolider le sentiment national des