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Un autrc cxemple est donnę par la classilication des courbes par PoNCliMsT, Chaslbs et leurs successcurs, au XIX* siecle. On rangera dans une nieme categorie, des courbes qui pos.s£dcnt un menie inyarUint, quantitatif ou numdriąue, par des transformat ions geomćtriqucs donnćcs. La plus achcvće de ces classilicalions constitue unc partie dc la topologie, dćveloppee surtout par H. Poincare vers la fin du XIX* siecle: celte taxonomie rangera dans unc nieme categorie des objets scmblablcs qui laissent des invariants par des transformalions particulieres appelćcs homeomorphismes (la sphere et le lorę appartiendront & des categories distinctes, Pun d'eus ne pouvant ćtre deforme continument en le second).
D. - Applications aux Sciences humaines.
On s'accorde generalement a reconnaitrc en CL Lkvi-Strauss, anthropologue franęais, rinventcur de la demarche structuraliste. D’apres les raisonnements precedents, on appreciera Puniversalitć de cette demarche, laquelle peut efFecti-vement s'appliquer aux Sciences humaines. 11 ne parait pas y avoir de taxonomie possible, au sens des Sciences naturclles, dans les Sciences de 1’homme. Cest le structuralisme qui la remplace, en quelque sorte.
On peut faire remonter cette demarche dans les Sciences humaines au moins a Montesouieu. Quand celui-ci parle de L'Esprit des Lois (1748), P «esprit» correspond en fait a une structure formelle; une phrase de son introduction l*indique assez claircmcnt: « J'ai d'abord examine les hommes ct j’ai cru que dans cette infinic diversite de lois et de mccurs, ils netaicnl pas uniquement conduits par leur 1‘antaisie... Ce n’est pas le corps des lois que je cherche, mais leur ame » ; ici encore, le mot « ame» evoque la F-strueture.
L'engagemcnl structuraliste ne commence ccpendant vraimcnt qu'au XXC siecle, grace aux rćtlcxion$ ct aux travaux de L£vi-Strauss en anthropologic. II ćtudic d'abord un certain nombrc de syslfemes de parente (australien, chinois, indicn) et recherche une logique de ces divers syslemes, a priori fort variables et complexcs, en degageant des « recurrcnces », autrement dit des invariants. Par ailleurs, G. Dumhzii. recherche la structure commune a divers niylhes des peuples indo-curopćens de Pantiquite par leur confronlation. En histoirc des Sciences, M. Shrrrs montre que tous les savoirs scientiliques d'une epoque donnee sont isomorphes. En psycha-nalyse, Lacan pose que Pinconscient esi structure comme un langage et developpe les consequences de cet isomorphisme. En musicologie, Panalyse des styles des compositeurs correspond a la recherche d'invariants a travcrs los ceuvres musicalcs ; ces invariants caracterisent les styles propres (N. RliWKT, JL-J. Nattihz 1975).
E. - Applications a la botaniąue et a la phytosociologie.
1. AU NIVBAU DES PLANTES ET DES ESPfeCES.
Si la botanique est Petude generale des plantes, celle-ci peut se realiscr a divers niveaux, ou divers concepls s'introduisent par invariance.
On peut concevoir tPabord un nivcau sLatiquc. Nous avons vu qu'on pouvait rćaliscr ime taxonomic des plantes en recherchant des invariants morphologiques caractćrisant des classes, parmi lesquelles Pcspece vćgćlale est le niveau fonda-mental. Mais on peut s^nlercsser a d’autrcs proprićtes et chercher si elles prćsentent des invarianccs. Par cxemplc, les formes bio!ogiques dc Raunkiaer (1905) sont des categories abstraites reunissant des especes ayant des caractfcres architecturaux communs, invariants. On dćgagc ainsi les concepts abslraits d'arbre ou phanćro-phyte, arbustc ou nanophanerophyle, chamaephyte, hćmicryptophyte, therophyte. Ces structures biologiques sont de bons cwcmples de A-slructurcs devenues F-struc-tures par invariance.
On peut s'intćrcsscr aussi a la reparlition geographique des vegetaux sur notre plancie, it leur chorologie, et ranger dans une nieme categorie chorologique les