9 MOTS DORIGINE ROUMAINE EN TURC 231
Sans doute, un probleme important est celui d’śtablir les voies des emprunts. Bień que les relations róciproąues bnguistiąues eonstituent un phśnomene gśnśral existant chez tous les peuples du sud-est de l’Ei\-rope, les influences rćeiproques turco-balkaniques se sont installćes par roies diffćrentes, selon les conditions historiąues et gćograpbiąues. Des eauses d’ordre gćographiąue et histonąue et les conditions de la domi-nation turąue dans les pays roumains ont eu aussi une influence sur les rapports lingiustiąues entre Turcs et Roumains.
On a signalć d’une facon sporadiąue des populations roumaines en Anatobe, mais nous ne connaissons pas jusqu’a prćsent des transferts massifs de populations roumaines en Anatolie. On peut toutefois rappeler deux faits bistoriques : l’un a ćtś signalś par Teodor Burada34 qui a montrć l’existence de colonies de bergers roumains dans la rśgion de Brousse a la fin du dernier siecle •, celles-ci se trouvaient a cette epoque en train d’etre grćcisśes. T. Burada eroyait que ces populations tiraient leur origine des Yalaques dśportśs par Pempereur Andi'onic Palśologue (1282—1328) en Bithyme, en se fondant sur un texte de Pachymeres 35. Un autre fait historique se trouye relatć par les ehroniqueurs turcs. Dans les chapitres ajoutćs a la cbronique d’A§ikpas?azade36 et dans les cbroniques de Xe§ri37 et de Sa’ad et Din38 on cite le fait qu’en l’an de 1’Hćgire 889 (1484—1485) apres la pnse de Kilia et d’Akkerman lors de l’expćdition en Moldavie du Sułtan Bayazid II, beaucoup d’habitants de ces yilles furent dćportćs a Istanbul et certains furent enyoyśs a Eski Biga, en Anatobe, pour faire «fleurir ces vilayetf> de la ville de Eski Biga ». II est probable que d’autres sources bistoriques seront dćcouvertes, surtout des documents d’arcbive, parce que nous savons que les dćportations ćtaient frćquentes dans l’Em-pire ottoman39. II est ćvident que l’on ne peut prśeiser la contribution des populations d’origine roumaine aux emprunts mentionnćs.
Certains des mots roumains signalćs proviennent du dialecte arou-main, d’autres peuvent etre expliquśs par des emprunts faits aux populations roumaines du nord de la Pćninsule des Balkans. D’autre part, un contact direct entre les populations roumaines balkaniques et la popu-lation sćdentaire turque a śtć possible, de meme qu’un contact direct entre les bergers roumains et les tribus de bergers turcs, des yuruks. JMais les Roumains des Balkans ont pu conserver dans beaucoup de rćgions leur autonomie loeale dont ils jouissaient sous la domination byzantine ou dans l’Empire ottoman. Les Valaques des rśgions albanaises sont signalćs des l'an 1431 dans un registre twe qui datę du commencement du XV® siecle. Ómer Lutfi Barkan avait signalś des popidations roumaines dans les regions du nord de la Pćninsule des Balkans et il a pubbś un Kanun-i
34 T Burada, O c&l&lone la Rom&nu din Bitinia (Asia micó), Jassy, 1893.
36 Georgu Pachymeres, Dc Michaele et Andromco Palacologis, Bonnae, 1835, vol II, lre partie, c 37, p. 106.
34 Aęikpaęazade, Tevarih-i Ali Osman, ed. F. Giese, Die Allosmanische Chronik des Aśik-paSazade, Leipzig, 1929, chap. 102, p. 188
47 Ne§ri, Cihannnma, ćd. Taeschner, t II, p. 365.
31 Sa’ad ed Din Mehmet Hodja Efendi, Tadj ut Tcoanh, Istanbul, 1279 — 1280/1862—63, t II, p. 43, Sur Biga v. B. Darkot in Isldm Ansiklopcdisi, s.v.
3t Sur les deportations comme moyen de colonisation dans TEmpire ottoman, v Ómer Etitfl Barkan dans o Revue de la Faculte des Sciences Economiąues de rUmversitć d'Istanbub, 1956.