s’etonna de cette attitude ambigue. „Peut-on vraiment, demanda-t-il, faire appel d’une decision du papę a un concile futur et pretendre neanmoins
ne pas rompre 1’unite de 1’Eglise?...... Dans toute paroisse tous les fideles
doivent etre unis a l’eveque, celui-ci a rarcheveque, celui-ci au primat de la province, qui Test a son tour au papę. C’est la le principe fondamental de toute unitę. Qui ose en devier, viole cette unitę, et se rend coupable — aux yeux des catholiques — d’un crime des plus affreux” 304).
Mais il n etait apparemment pas necessaire desperer pour entreprendre. On engagea des pourparlers. On essaya meme d’operer la reconciliation a 1’aide de plusieurs mediateurs 305). La mort de Benoit XIV, survenue en 1758, dejoua les demieres esperances, d’ailleurs illusoires. Son succes-seur, Clement XIII, leur etait peu favorable.
" II n'etait pas non plus necessaire de reussir pour perseverer. Le clerge fit un nouvel effort. En 1763 l’archeveque rassembla ses pretres en Concile provincial. Du point de vue national et international ce concile marque une datę importante dans Thistoire de 1’Eglise d’Utrecht.
Vers ce temps-la 1’ancien sous-diacre de Rouen Pierre le Clerc, qui, apres son arrivee en Hollande en 1749, s etait faufile dans les rangs du clerge, attaquait plusieurs dogmes de la foi catholique, tout en affectant de faire 1’apologie de 1’Eglise d’Utrecht 306). II s'agissait donc pour elle d’elever la voix contrę des erreurs que ses adversaires ne manqueraient pas de lui attribuer, si elles restaient sans desaveu officiel.
Si en outre elle allait condamner des ouvrages de quelques jesuites, c’est que dans presque toute 1’Europe Tinfluence de la Compagnie de Jesus commenęait a diminuer. En France en particulier 1’opposition contrę elle allait chaque jour en grandissant. L’Eglise d’Utrecht esperait trouver un accueil favorable dans le monde catholique en se prononęant ouvertement contrę quelques-uns de ses representants les plus attaques 307). Au cas ou cet effort ne reussirait pas a aplanir la voie vers la reunion, le clerge d^trecht se serait au moin$ justifie a la face de la chretiente entiere.
L^ssemblee, annoncee sous le nom pompeux de concile, commenęa par evoquer le souvenir de quelques eveques pour cacher sous leur eclat la pauvrete de sa substance. C’etait une galerie impressionnante. Flanque de Neercassel et de Codde, Bossuet y occupait une place d'honneur 308). Les
304) Ce temoin s’appuie, lui-aussi, sur \'Exposition. Cf. Boekzael der Geleerde Waerelt, may 1748, p. 548 sq.
305) Entre autres Nicolini, et le capucin Norbertus. Cf. Bijdragen...... Haarlem,
dl. 37 (1917), p. 234 sq.
306) Dans Precis d'un acte de denonciation solemnelle, 1758.
307) Les peres J. Hardouin, Is. Berruyer et P. Pichon.
308) Louis van Zeller, chanoine de TEglise Metropolitalne, en proposant les trois premiers decrcts, demanda au concile d’adopter YExposition de Bossuet, parce que, dit-il, „nos Prelats, M.M. de Neercassel et Codde, de tres sainte memoire, ont seconde rillustrissime Auteur de leurs conseils et de leurs soins, tant pour la tra-
85