ZOE PETRE
Aux incertitudes passageres d’un domaine nouveau de la recherchc 1’histoire des attitudes mentales ajoute, sans doute, des incertitudes cons-titutives : ćtudiant par yocation 1’imprecis, prmlegiant les polysśmies, faisant parler les silences, cet « au-dela de 1’histoire »1 2 est d’aulant plus obligć de dśfinir ses termes qu’il risąue k ehaąue tournant de voir deteindre *ur ses mśthodes Ie flou de sop objet.
U y a un premier probleme de terminologie : attitudes mentales, mentalitós, ideologie—est-ce ąuecesmots se recouvrent, oubien 1’ideologie est-elle aux mentalitśs ce que le conęu est au vecu ? Doit-on dćfinir les nientalitćs comme des rćsidus d’idćologie on comme leur matiere premiere f
Yoila autant de questions liminaires qu’on ne saurait ćviter <\ ce stade — pour le progres, sinon pour la solution, desquelles le domaine de la Grece ancienne peut offrir, k mon avis, quelques suggestions.
Dana son etude de synthese concernant les mentalites en tant que nouvel objet de 1’histoire, Jacques Le Goff ecrivait: «Le niveau de 1'his-toire des mentalitśs est celui du quotidien et de l’automatique, est ce qui ćchappe aux siijets individuels de 1’histoire parce que rśvelateur du con-tenu de leur pensee, c’est ce que Cśsar et le dernier soldat de ses Iegions, Saint Louis et le paysan de ces domaines, Cristophe Colomb et le marin de ses caravelles ont en commun »3. Comme on s’en aperęoit aisement, cette dćfinition des mentalitśs les situe non seulement d’une autre manierę, mais bien k 1’opposć des «histoires culturelles» traditiomielles — ces dćrivćs, ces reflets subjectifs de l’histoii e yraie. Par rapport a ces deux
♦ L’Inter£t avec ieąuel j’ai pris pnrt au dćbat organisć par ł’Institut d’6tudcs sud-cst europćenncs de BucarcsŁ etparia Revuc des ćtudes sud-est europćeuncs autour des problćmcs de 1’histoire des mentailtćs tronvera ici un tćmoignage des plus explicites. Je dois dlrc, en effet, que Ics pages qui sulvent ont ćtó snsoltćes surtout par ia discussion qnl s’y est derouiće— et blen moins pour ceiie-ci. Pour ne pas encourir (toute proportlon gardćel) les reprochcs de qneiquć MUon qul en aurait p&tl, je m’empresse de le confesscr mol-m&ne d£s maintenant. Mais c’est aussl dire combien cctte lnitlativc me sembie fertlic pour Ic devcioppeinent de nos ćtudes.
La formule — ainsi, d’ailleurs, que Ic probićme de ia yocation d’ambigu!tć dc i’hls-toire des attitudes mentales — appartlent & Jacąues Le Goff, Les mentaltUs: tnie histoire ambigile, In Jacques Le Goff ct Pierre Nora, 6d., Faire de /’histoire, III, Paris, 1974, p. 7G.
Id., ibld.t p. 80.
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REV. ETUDES SUD-EST EUROP.. XVIII. 4, P. 617-630. EUCAREST, 1S80