Intervention de M. Jean MEO lors d'une seance du Parlement europeen du 8 juillet 1982 a Strasbourg. Cette intervention a eu lieu a 1’occasion de la lecture du rapport presente par M. COLLESELLl au nom de lAssemblee, sur la politiąue viticole europeenne, rapport dans leąuel etait preconisee Vapplication en Italie (en particulier) d’une reglementation de protection de la ąualite des vins du type franęais.
BONUM vinum, lactificat cor hominis » Le bon vin rejouit lc cceur dc rhomme. C’est, je crois, la meil-leure dircctive communautaire que nous pourrions adopter. U faut faire du bon vin, et c’est le sens du rapport Colleselli. D’ail-leurs, les delais qui ont ete mis a ce rapport permettent de dirc qu’aujourd’hui le Colleselli 1982 cst un meilleur millesime que le Colleselli 1981. Le vin est une chose serieuse. On parlc de pro-ductions mediterraneennes avec, mes chers collegues, une certaine nuancc pejorative. Comme si les productions du Nord etaient plus serieuses que celles du Sud. Mais il y a eu Tan dernier la mini-guerre franco-italienne sur le vin, et elle faisait echo a des ćvene-ments plus anciens.
Mes ancetres les Gaulois etaient deja tres portes sur le vin. Et c’est pour cela qu’il y a 2 500 ans, ils ont conquis Romę pour ramener des ceps dc vignc en Gaule. Et je dirai a M. Hord que ccst sans doute Pamour im-moderć des Anglais pour le vin de Bordeaux, amour immodere mais justifie, qui a cause la guerre de Cent ans entre la
France et PAnglcterre. La conse-quence la plus dramatique de Pintervention de Jeanne d’Arc, c’est qu’au fond les Anglais ont etć transformes en buveurs de bićre pendant cinq siecles. II faut eviter lc retour de telles catastro-phes et pour cela seule 1’Europe permet dc regler les problćmcs. Ccst d’ailleurs pour cela qu’il faut voter le rapport Colleselli.
Bień entendu, il faut aussi evi-ter Pesprit de systeme. On a Pim-pression que le texte de la Commission a ete prćpare par des fonctionnaires qui utilisaient plus la reglementation que la de-gustation, ou la machinę a calcu-ler plus que le tastc-vin. Esprit dc systeme que d’intcrdire stric-tement la chaptalisation alors qu'au nord d’une ligne Bordcaux-Valence elle permet de faire du tres bon vin'depuis des siecles. Esprit de systeme dans un pays comme la France que de creer un Office du vin qui n’est pas adapte a la diversite localc.
S’il faut se mefier de Pesprit de systeme, il faut aussi se mć-fier de Pesprit a courtc vue. Dis-tiller du vin, c’est trds bicn. Mais il faut aussi organiser le marche et preparer Pentree de PEspagne
et du Portugal.
II faut aussi se mefier de Pesprit d’injustice. M. Colleselli nous a parle des droits d’accises. Eh, bien, mes chers coll&gues, ici, a Strasbourg, je ne vois pas de diffćrence entre le nombre de boutcilles et la qualite des bou-tcillcs commandees par un parle-mentaire issu d'un pays du Nord et par un parlementaire issu d’un pays du Sud. Alors, pourquoi permettre a nos parlementaircs de Strasbourg ce que Pon interdi-rait, par les droits d’accises, aux pcuples qui habitent les rives de la Tamise ou les rives du Rhin.
Non, voyez-vous, il n’y a au-cun produit agricolc, aucun pro-duit tout court, qui ait Dieu pour * publicitaire. Et je suis sur quc les plus anticlćricaux de nos collegues accepteront mes propos s’ils sont vigncrons.
Si vous prenez la Bibie, vous verrez que le vin, la vigne, les sarments, le vigneron sont cites 457 fois dans les textes sacres.
Mes chers collegues, il y a la matiere a reflexion et, je crois, matiere a voter ce texte de jus-tice a Pegard du vin qu’est le rapport Colleselli, car nous le sa-vons tous, « In vino veritas ».
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