7 BUCAREST — CENTRE POLITIQUE DU SUD-EST EUROPEEN (XV1I°-XVI1I* j ) 153
les reprćsentants des grandes puissances au cours des nćgociations com-pliąuees par lesąuelles chacun des belligerants cherchait a attirer le prince Brancoyan de son cótć, et plus tard, apres la paii de Karlowitz, d’en faire leur confident et leur albę. Tout le r6gne de Brancoyan n’a ćtś qu’une sayante oscillation, d’abord entre PAutriche et la Turquie, ensuite entre la Turquie et la Eussie 24. Placó dans une des plus fausses situations, harcelś de toutes parts, ce prince douś d’une remarquable intelligence a etó forcś par les circonstances defayorables de faire de la dissimulation sa principale arme pobtique. C’est pour cela que ses efforts tendaient toujours a se donner, malgrś lui, comme ami et soutien des deux adyer-saires, tour de force diploinatique, qui lui a róussi mainte fois au cours de son long regne 25. Pour mener une telle politique, Brancoyan a prouyś qu’il ótait un tres fin diplomate, douć d’une remarquable perspicacitś et sa collaboration avec les Cantacuz^nes, surtout ayec Pśminent per-sonnage qu’śtait son oncle le «stolnic » Constantm26, fameux śrudit, a constituś le gage de son succes. Pils de la sceur du prince §erban Canta-cuzene et śleyó au milieu de cette riche et influente familie, Brancoyan ayait reęu une śducation soignśe 27. II connaissait au moins le grec et le turę et dśposait des efforts pour elargir ses connaissanees nieme dans sa periode de maturitś. D’apres le tómoignage de Georges Voigt, un repró-sentant du ptótisme de Halle, lequel se trouyait a Sibiu en 1712 et a qui Brancoyan ayait demande un exemplaire du «Novum testamentum bi-lingve », le prince et le metropolitę Anthime d’Ibśrie «ótudient encore jour-nellement»28. Brancoyan — protecteur des lettres et amateur d’ouvra-ges politiques — a commandś a IMichel Vizantios de lui traduire en langue grecque vulgaire le « Prognostiąue des Moscovites » de Stanislav Axtelmeyer, faisant 1’ćloge de Pierre le Grand, dont il faisait souyent des lectures 29 ainsi que VHistoire a partir dti commencement des sultans de Turguie..., traduite du turc, toujours en langue grecque, en 1701, sous la dictće de Bectaś Divan Efendi par le «portar » Mathieu de Chios
24 Pour le caractfcie de la politique d’ćquilibre menće par Bracovan pendant son rfcgne, voir aussi les affirmations de Del Chiaio, op. ciL, pp. 149 — 150.
24 Al. A. C. Stourdza, VEuropę onentale et le role historique des Maurocordate 1060— 1830, Paris, 1913, pp. 47 — 48.
24 Pour la collaboration ayec le stolnic, voyez spćcialement le temoignage du chroniąueur Radu Greceanu (Crortican muntcm, II, passim), les affirmations de Del Chiaro, op. ciL, p. 157 et Mihai Cantacuzino, Genealogia Cantacuzmilor9 p. 292.
” 27 N. Iorga, Via[a domnia lui Constantm vod& Brincoueanu (La vie et le rfcgne du prince
Constantm Brancoyan), Bucarest, 1914, pp. 24 — 26.
21 Eduard Winter, Die Pfelgę der West- und Sudslawischcn Sprachen m Halle im 18. Jahr-hundert. Berlin, 1954, p. 151.
2# N. Iorga, Istona literaturii romdne tn secolul al XVIII-lea (1688—1821), (L’histoire de la litterature roumaine au XVIIIC siecle — 1688 — 1821), vol. I, Bucarest, 1901, p. 41 et Va-loarea politicd a lui Constantm Brlncoveanu9 (La valeur politiąue de Constaptin Brancoyan), YAlenii de Munte, 1914, pp. 26-27.