— legere hausse de la croissance du PIB et des investissements et de 1’emploi, mais insuffisante pour rósorber sensiblement le chómage ;
— poursuite de la reduction des dóficits publics.
Les calculs sous-jacents a la dófinition de la strategie de croissance pour 1'emploi estimaient que, pour pouvoir amorcer une decrue serieuse du chómage et ramener celui-ci k 7,1 % en 1990, il faudrait avoir une hausse annuelle du PIB en volume de 3,5% et une croissance de l'investissement de 6,8% par an. La comparaison de ces chiffres avec les prócódents montre que, sur la base des previsions actuelles pour 1987, on est assez loin du compte, c’est-a-dire qu’on continuerait k prendre du retard, avec deux inconve-nients essentiels :
— la rósorption du chómage ne s’amorce pas vrai-ment;
— dans ces conditions, la moderation salariale, observóe en 1985-86 et escomptóe pour 1987, a peu de chances de durer (3).
II faudrait donc faire quelque chose de plus que ce qui est próvu. Quoi ? lei, malheureusement, le rapport annuel devient discret. II dit bien : « en examinant l’óvolution de 1’emploi au cours des dernieres annóes, la conclusion sMmpose qu’une action vigoureuse est nócessaire dans tous les ótats membres pour róduire sensiblement le niveau du chómage, k l’exception du Luxembourg ou celui-ci reste bas ». II continue : « il va sans dire que, comme l'avait dójó soulignó le Rapport óconomique annuel 1985-86, la misę en ceuvre isolóe de mesures visant a amóliorer 1’emploi est trós difficile, sinon impossible, et que le succes de toute action de ce type suppose, en outre, le renforcement du dialogue social, non seulement au niveau de la Communautó, mais aussi dans chaque ótat membre. L’interaction tant des initiatives des gouvernements que des partenaires sociaux sera une condition essentielle pour le succes de toute action de redressement de l’emploi *> et il ajoute « on peut próvoir au cours de l’annóe 1987 que la marge de manceuvre d’un nombre croissant de pays s’ólargira et que les possibilitós d’action, dans les pays ou une telle marge existe dójó, deviendront plus « evidentes ». Mais dans les chapitres par pays sont exposóes des politiques dont la somme móne aux chiffres 1987 reproduits au tableau 1, c’est-ó-dire in-satisfaisants. Peut-on faire mieux ? Si oui, que fau-drait-il faire ? II faut bien chercher pour trouver des elóments de róponse.
Une lecture trós minutieuse entre les lignes, une attention trós forte k ce qui est en filigrane, enfin des discours de' certains membres de la Commission donnent k penser que celle-ci (mais est-elle unanime ?)
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(3) Le 6 novembre 1986. les partenaires soclaux (UNICE. CEEP ET CES) ont adoptś un avis commun concernant la stratśgie de coopśra-tion pour la croissance et 1'emploi (reproduit dans ffconomie Euro-pśenne N° 30. pp. 115-116). On y lit notamment : - 8) dans le cadre de la stratśgie de coopśration, 1'accroissement modśrś des couts salariaux rśels par tśte devrait śtre maintenu en dessous des gafns de produc-tivitś encore póur un certain temps dans les pays oii il est dśjś pratiquś et śtre appliquó dans les autres pays. Mais les autres śtśments de la stratśgie devront śtre mis en ceuvre simultanóment. II s'agit Iś d'une contribution importante pour amśliorer la rentabilitó et la compótitivitś des entreprises et pour accślśrer la rśalisation des investissements crśateurs d'emplois ». On y voit un effort apprściable de la part des syndicats. mais aussi 1'annonce que cet eftort ne pourra śtre soutenu durablement que s'il donnę des rśsultats en termes d'emplois. grace h une misę en oeuvre suffisante des autres ślśments de la stratśgie.
estime qu’un effort plus poussó de stimulation ócono-mique devrait etre le fait des trois plus grands pays (qui ont tous, on l’a vu, certaines marges de manceuvre) et notamment de la RFA ; toutefois, ceci ne transparait pas nettement dans les chapitres par pays.
Pour le Royaume-Uni, deux conseils apparaissent assez clairement : l'un concerne l’óvolution salariale, 1’autre le budget. « C’est dans le domaine d’une modó-ration de l’accroissement des salaires qu’il importe de róaliser les progrós les plus rapides. La conclusion d’accords comportant des hausses moins fortes ra-lentirait 1’inflation, amóliorerait la compćtitivitó de l'óco-nomie, renforcerait encore la rentabilitó des entreprises, et permettrait d’abaisser les taux d’intóret tant nominaux que róels. Les investissements d’extension deviendraient plus attrayants et la croissance gónóre-rait davantage d’emplois. Or, en dópit du niveau ólevó du chómage, le fonctionnement actuel du marche du travail est tel qu’on ne constate guóre de ralentisse-ment des hausses salariales... Compte tenu de l’ob-jectif affichó des pouvoirs publics de veiller k próvenir toute dóficience de la demande dans 1’ćconomie bri-tannique, des contacts entre le gouvernement et les reprósentants des travailleurs et des employeurs peu-vent favoriser .une plus grandę prise de conscience, parmi les parties intśróssees, de 1’importance de la modśration salariale pour la crśation d’emplois ». D’au-tre part, «le gouvernement s’est engagś a utiliser, au moins en partie, la marge de manoeuvre budgśtaire pour proceder k un nouvel allógement de 1’impót personnel sur le revenu k des fins d’incitation et d’augmentation du revenu disponible. ttant donnó toutefois que le revenu róel des mónages continuera k s’accrottre fortement en 1987, une croissance plus śquilibróe pourrait etre obtenue si Ton utilisait une partie de cette marge pour soutenir d’autres compo-santes de la demande que la consommation privśe. II conviendrait d'examiner l’óventualitś d’investisse-ments d’infrastructure publique supplementaires of-frant un niveau de rentabilitó acceptable, qui pourraient avoir a court terme une incidence sur 1'emploi plus forte que des allógements d’impóts, en meme temps qu’ils tendraient, comme ces derniers, k renforcer le poten-tiel de production *». Si on prend le premier ólóment pour ce qu’il est, k savoir la reprise d’une vieille antienne, vceu pieux, au moins k court terme, il reste 1’idóe que le budget pourrait etre utilisó de faęon plus dynamique, mais probablement sans effet immódiat. Par contrę, on ne trouve pas mention de 1’entrće britannique dans le SME, susceptible cependant d'ai-der k renforcer la cohórence des politiques.
Le chapitre sur la France est dans 1’ensemble une prósentation neutre des mesures prises ou annoncóes depuis mars 1986, considóróes comme « visant k cróer un climat plus propice k l’initiative des entreprises en les mettant en ótat de s’adapter plus aisóment aux tendances des marchós ». A noter une misę en gardę importante « en matióre salariale, la politique suivie dans le secteur public ainsi que les comportements du secteur privó devraient restós placós sous le signe d’une grandę modóration, n’impliquant encore qu’une hausse limitóe du pouvoir d'achat des rómunórations»».
C’est probablement la crainte d’un dórapage sur ce terrain qui dissuade aussi bien le gouvernement fran-ęais que la Commission d’envisager une politique plus expansionniste.
REVUE DU
MARCHĆ COMMUN, m 305, Mars 1987
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