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4.1.3 I/Indien reel
Kanehsatake : 270 ans de resistance, Obomsawin A 1993
Alors que dans les films precedents quc nous avons vus, 1’Indien et le Blanc occupaient deux territoires culturels respectifs, du moins a 1’ecran, voila qu’Alanis Obomsawin entre de plain-pied et avec fracas dans un espace maintenant exigu, partage par les deux cultures. Kanehsatake : 270 ans de resistance, qui nous raconte la crise d’Oka en 1990, est un grand film manicheen, un western ou les róles seraient inverses, le Blanc tenant le role du mechant devant le noble Rouge assiege.
J’ai rencontre Alanis Obomsawin, Indienne Abenaquis, en 1991 k l’ONF a l’epoque ou je terminais le montage de mon premier film et elle, son douzieme, Kanehsatake: 270 ans de resistance. Cineaste militante pour la cause des peuples autochtones, sa filmographie (plus de vingt films) se lit comme une ode a la resistance a la survie en terre conquise. Et c’est dans cet espace reduit aux reserves indiennes et a la survie d’un peuple et de ses Nations que la parole d’Obomsawin s’exprime.
Kanehsatake : 270 ans de resistance prend la formę d’un long pamphlet anticolonial et Obomsawin ne s’embete pas avec les notions ethiques du documentaire. Elle ne cherche pas a montrer les differents points de vue de la crise d’Oka : son parti pris pour les Mohawks de Kanehsatake est evident et assume. C’est Nous contrę Eux, ce nous representant la communaute Mohawk de Kanehsatake, de Kanawage et du nord des Etats-Unis, et par extension tout ce qui leur est favorable mediatiquement, c’est-a-dire les journalistes anglophones du Quebec, du Canada anglais ainsi que les chefs des autres nations amerindiennes du Canada (Billy Two-Rivers, Elijah Harper et al) arcboutes comme des chiens de faiences sur la Nation Quebecoise. Ici, pas de gants blancs : les Autochtones sont bons, preux, valeureux et nobles ; les Quebecois sont mechants, vulgaires, menteurs, tricheurs, deloyaux et nazis.