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gestion beaucoup moins restreint quo son devancier. Lui emprunte-ra-t-il la sagesse que ce dernier tirait de la tradition ?
Le souhait que l'on pourrait faire est que dans la mesurę du possible, on concilie l*autorite traditionnelle et l9autorite ncuvelle en choisissant des paysans animes qui tirent de leurs anciens rapports une puissance morale qui serait conciliee avec les imperatifs nouveaux. Ccci est une question d9hommes. Mais le socialisme sśnegalais est lui aussi une question d'homnes et il importe que cela soit regle car cela pourrait hypothequer l'ave-nir;
§ 2 - Les chefs de confreries musulmanes et l^Etat
L’autre probleme est beaucoup plus difficile k rśsoudre.
En effet, la place de l9Islam et de ses responsables confreriques dans le Senegal raoderne souleve des questions qui ne sont pas seu-lement religieuses, mais aussi politiques. Leur influence en raa-tiere econoraique pourrait etre dśterminante si l*adoption de nou-velles normes techniques dans 1*agriculture etait activement sou-tenue par les marabouts. Or, il est evident qu*en matifere foncie-re, 19empire maraboutique est un probleme cle et que la loi sur le domaine national, dans la mesure ou elle confisque les terres dćtenues par des non exploitants souleve un problfeme politique.
II semble que deux Solutions soient possibles aux yeux des gou-vernants senegalais : dans les terres anciennement cultivees, considerer la communaute musulmane comme une communaute ruraie dont le fonctionnement serait laisse a l9apprćciation de son chef (ceci ne changera.it pas la situation actuelle mais preserverait la possibilite d*intervention de lładministration) et dans les zones de dśfrichement recent, les voir non comme zones de terroir mais comme des zones pionnieres dont la misę en valeur est lais-see a l*initiative de l9Etatf ce qui pourrait etre negocie direc-tement avec les serigne. Ainsi seraient preservćs la communaute musulmane et le souci du pouvoir d*intervenir dans la misę en va-leur des terres. II s*agit donc dłun moyen non negligeable de pression.
Mais cet element sera de peu d*interet si les responsa-^ bies confreriques ne se montrent pas ouverts a un certain progres. II est encore une fois question de l9homme.
Conclusion au Chapitre I
La communaute de type traditionnel ou religieux est au coeur de la conceptualite wolof. A travers elle, l9homme est li-bere, sans elle il est perdu. II importe donc que les actions specifiques en matiere fonciere s9inspirent du principe et peut etre meme de certains exemples, afin d*assurer ia continuite et lfharmonie indispensables a lłaccroissement de lfactivite physique et morale du cultivateur exploitant dont nous allons ótudier le role dans le chapitre III.
Nous concevons fort bien la prudence du gouvernement senegalais en face de tels problemes, mais il faudra certainement prendre des decisions, elles aussi de naturę purement politique, et privilegier un type d9action au depend de l*autre. Si lłon