388 COMPTES RENDUS 16
pouvoir n'ćtait pas absolu, car les anciens beys gardaient encore certains droits. Pour ćlargir ses frontifcres aux dćpens des autres Etats musulmans et assurer la domination ottomane en Thrace, Murad avait besom d’hommes sans attaches tribales avec les beys qu'il venait de sub-juguer. Sans prendre parti pour aucune des versions prćsentćes par les chroniąues d'Urudj u et Asikpassazade 12 d'une part, et par Idrisi13 de 1'autre, Irfcne Beldiceanu-Steinherr observe cependant que « ce n'est qu'au moment ou Murad devint maltre de la Thrace que le pro-jet de crćer une vćritable armće pouvait Stre rćalisć * et que «c'est k ce moment prćcis que ies chroniques les plus anciennes placent le rćcit de la crćation des janissaires » (p. 206).
D’autres probl&mes intćressent 1’origine de certaines institutions de 1’Etat ottoman. Ceux posćs par le statut des terres, les fondations pieuses (wakf), les fonctions du Seikh al islam et du kadi sont discutćs avec compćtence dans cet ouvrage remarquable qui constitue un excellent instrument de travail de naturę k mtćresser non seulement les turcologues mais aussi les spćcialistes de 1’histoire de Byzance et du Sud-Est de 1’Europe.
Cristina Bulgaru
GEORG VĆLOUDIS, Der neugriechische Alexanaer. Tradition in Bewahrung und Wandel, Munchen, 1968, X 4- 308 p. (lnstitut fur Byzantinistik und neugriechische Philologie der Universitat Munchen, «Miscellanea Byzantina Monacensia», Heft 8).
Le point de dćpart de cette ćtude d’histoire culturelle dćdiće a rćvolution de Timage d'Alexandre le Grand dans la conscience du peuple grec, depuis le XVe siecle jusqu’&nos jours, est un problfcme philologique : celui de Thistoire du texte de la version nćo-grecque du roman d'Alexandre.
Au IIIe siacie a.n.fc., un anonyme d'Egypte avait composć une biographie d’Alexandre dans laąuelle rhistorique s’alliait au fantastique. L’ouvrage, attribuć k tort k Callisthfcnes, com-pagnon d'Alexandre et auteur d'une histoire, aujourd'hui perdue, du regne c!e celui-ci, a fait grandę fortunę dans le nionde hellenistique et mćdićval. II fut traduit en plusieurs langues en Orient et en Occident. II y a plusieurs versions manuscrites de F6poque hellćnistique, assez dissemblables mais qu’on peut supposer comme dćrivant d'un seul prototype. La vcision neo-grecque du roman d’Alexandre a circulć surtout sous formę d'ouvrage impnmć. La dissertation de G. Yćloudis est la premiere ćtude dćtaillće sur cette version.
L'auteur fait d’abord une description des manuscrits et des ćditions du roman. II n’y a que deux rćdactions manuscrites en nćo-grec : le Codex 400 du monastćre des Mćteores (M[e-tamorphosis), datant de 1640 et negligć jusqu'& prćsent par les chercheurs, et le Codex 49 du Musće Benakis d'Athfenes, la copie d'une ćdition imprimee k la fin du XVIIle siecle. Le romanaconnu, depuis la fin du XVIIC siacie jusqu'en 1926, 43 editions, dont on fait mamtenant, pour la premiere fois, Tiiwentaire et la description. La version nćo-grecque du roman d'Ale-xandre est dćsignće aussi par <E>uXXd£a tou MeYa^avT?0U ou seulement $uXXa8a.
Le roman d’Alexandre est un livre populaire. II a ćtć sans cesse adapte aux exigences du public. Chaque version est diffćrente de son modele. Chacune a etć enrichie de nonveaux ćpisodes inspnćspar la tradition orale, parła fantaisie du copisteonde l’ćditeur,parleurs leclures. Chaque yersion a une valeur independante, chacune expnme une mentahtć dćteimmće par
11 Fr. Babinger, Die fruhosmanischen Jahrbucher des Urudsch, Hannover, 1925, p. 15, 21-25.
12 Fr Gics°, Die altosmanischc Chromie des Aśiknaśazadc, Leipzig, 1929, p. 37, 50.
13 Apud Y. L. Mć.iage, Sidehghts on the Deoshirme from Idris an i Saduddm, « Buiictm of the School of Onental and African Studies », t. XVIII, Londre*, 1056, p. 181 — 183.