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Les coupables doivent donc courir nus d’une porte ś 1‘autre de (a ville, plus prócisement, depuis la porte de la Saunerie jusqu’a la porte Soubeyran.114 Jean-Marie Carbasse qui a śtudiś le phenomene de la course, propre ź la rśgion meridionale, situe au milieu du Xllle siecle le developpement d’une peine optionnelle monetaire afm dłeviter Thumillation de la course.115 Uauteur notę egalement que ramende, vue d'abord comme un substitut a la course, Btend a devenir la peine de principe et la course une peine de substitution, applicable aux seuls insolvablesV16 Voila exactement les conditions posees dans Particie du tarif des peines de Manosque des 1235. Ce qu‘il importe surtout de constater ici, c’est la difficulte que suppose Tidentification du caractere d’une peine, represente-t-elle la sanction nonmale ou constitue-t-elle la peine de substitution? Autant de variations pour un meme delit appelle a la mefiance. Dans Ja legisJation etablie au debut du Xllle siecle a Manosque, il semble que la peine tarifiee 1'ait emporte largement sur la peine affiictive et infamante et que dans la pratique, cet etat de choses soit demeurś relativement stable jusqu’au toumant du siścle.
Les raisons qui expliquent 1'augmentation des peines physiques dans les sentences des juges de Manosque sont multiples. II y a d'abord l‘evolution generale de la peine judiciaire qui se veut de plus en plus exemplaire et offre ainsi au pouvoir justicier une nouvelłe orientation de repression “edifiante” des delits, “pour que la peine dłun seul soit la crainte de beaucoup". II y a aussi la legislation dśja en place qui, meme si elle misę davantage sur la peine tarifaire, n’exclut pas la sanction corporelle et fournit par consequent a la cour la justification necessaire 114Le parcours prescrit est precise dans une sentence du juge R. David, "A portale inferiori usque ad superiora portale", 56H 945, f. 22, 01-09-1248. Voir Annexe C, plan de la vi)le de Manosque, p. 278. Pour une śtude de cas concemant un dślit d’adultóre, voir Rodhgue Lavoie, "Delinquance sexuelle, justice et sanction sociale: les tribulations judiciaires de Mathilde Payen (1306-1308)”, Provence historique, fasc. 184, 1996, p. 159-185.
ll5Jean-Marie Carbasse, “Cunant nudi”. La repression de radultere dans le Midi medieval (Xlle-XVe siecles), Droit, Histoire et Sexualitś, 1987, p. 91.
U6lbid, p. 92. Uauteur renvoie en notę aux chartes d^ucamyille, 1299, art. 47; de Tarascon, 1348, art. 6 et de Bergerac, 1334, art. 86.