378 L/EdUCATEUR PROLŹTARIEN
A insi sont dćdniguis, quund ils ne pnssent pas inapcręus, lcs themcs po6tiqucs qui nous cntourent, 1’hoinmc ct In naturę. I.n legendę ćcritc, ce tćmoin qui offro tnnt de seductions pour les peuples, n’est prcsque pas cultlyćc parmi nous. Clinąuc region ar-gentine possede ccpendnnt ses traditions, et la ot cllos ont pu s*cxhałer, on respire lc parfum agreste et dćlicicu* de In poesie spontanle des races.
Sans youloir apnrofondłr, on pcut nffir-mer nu o toute littcrnturo nalssanto ful for-inćc (Punc suitę de traditions oralcs. Telle fut la pulsie des rnpsodcs et des U*ouveres, depuis Hoinere jusqu’aux jongleurs anony-mes du Romancero. Plus nneiennement cn-core, telle fut 1'origine ileś ceuvrcs capitnles, meres des dlfflrcntes Eros : la Bibie, l’E-rangilc de Jesus et celni de Bouddha. lc Co-rnn trouvcnt leur souree dans cc «|Ui est nu-thentiquc, vornaculaire, inunediat au poete ct a riionimc. (Test lu quc sc trouvc la sour-cc claire <lc la vraic poesie, qui conticnt les germes immortels.
Toute llttćrature porte dnns son oxpres-sion la inarąuc du mystere et de la fnntni-sie. Le surnnturcl ne pcut manqucr dans lcs Iivrcs foudnmentau-s des peuples. Et cot-le littlrnturc si ćlevle par son sens. conime par sa formę, est ccpendnnt lont pris de ce qu’un enfant pcut comprendre.
II n’en va pas dc mfimc nvcc rnrtificlel, avcc l’cenvrc prćcieusc, ósotćriąue et tortu-rec des 6poqucs vieilles ou decadcntes.
I. - LES CONTES. — INFLUENCE I)E LA LECTUHE SUR LT.SPRIT DE L’EN-FANT.
Lc premier conte qu’cntcnd un enfnnt lui parvient d’ordinnirc par le rytlunc musical du chant. II me souvlcnt d’un poeme trls doux. citć par la cćlibre Fcrnin Ca hall ero.
Rythmc avcc un va-ct-vient dc bcrccau. clianson attendric par unc ćmotlon miracu-leuse... Cc nionde de visions clnircs conime les nucs nu printemps, gnics comme un cs-poir rinlisi, ne s’effaco jamuis de PAme cn-fnntine. II formę sa sensibilitó, il fait nai-tre en lui un don prlclctix : Penthousiasme admiratif pour lc bcau ct le hien. Avec qucllc pnssion Penfnnt ne discute-t-il pas les destins mcrveillcux ! Avcc quellc ferveur n’imngine-t-11 pas 1’nction des nćros ! Ainsi sc manifeste, nvec un relief assoz innrquć, la substance de sa personnalitć. Son earactó-rc se met en ćvidencc. J’cntendis un jour une petite filie dćplorcr la fin dc I.a Relle et la Rite. La transformntion de Panimnl en un prince arrogant la deccvait : il lui pa-raissait diminuer la vcrlu de la Relle :
» Maintcnant qu'il est si bcau. U ne miii te pas qu’clle 1’aimc / •» Ingćnuitć dllicieuse ! Hien qu’clle ne plnltrAt pas le sens le plus sccret de la cbarmante histoire. dans la pu-rete ingenuc de son Amc enfantine, cllc en deduisait un outre, dc niveau non moins 61cvć. •
J*ai entendu plus d*un enfnnt ebanger Ja fin des contcs qu’il rlpltait, attlnuant la rigueur escmplairc des auteurs clnss»ques qui. s’il ont ecrit pour Pcnfance nvcc ginie, ont parfois nćglige certaines nuanccs non jneprisablcs dc la psychologie enfnntinc.Ain-•d, suhant ses vorslons, lc Petit Cliaperon Rougc et sa grnnd-mere sortent radieuses de la ncau du loup, ourerte par la hachc du bdcheron. Pauvre petit Cliaperon Rougc ! Milo fut desolu-issnntc, certes, mais pour nl-ler cueillir des margucritcs ! D’un nutre oóte, seul le Rut Pe.*cz Itnil hrull, mais il ne inourait pas. Lu Relle au Bola dormait moins do tcinps que ne le prescrit Perrault. Et ainsi de suitę, la tcudnnce au mcrvcillcux ct au micux, se manifestant en permancncc. Plus de rigueur aussi, pnr contro, dans lc cbńtl-ment des impunics, conformlment A une couception plus pnssionnlc du bien ct du mai. I.a reinc pervcrse du conte de Rlanche-\cige etait brńllc, ct les cnvieuscs securs dc Cendrillon quittnicnt le palnis sans un sou.
I/interpretntion des contcs pnr 1’esprit en-funtln est frlquomment eaptivautc. Elle per-met une certa ino influence sur Pesprit de cbaque enfant en raiguillnnt suivant des directions cluircs ct possihlrs. D'aucuns con-damnent cette formę de culturc de Panie enfant inc Ils objcctent que lcs cxchs de Płinn-ginntion sont prljudicmblos, et dc naturo a gener l’equilibre du jugement et du ca rac 16-re. Quc les yltdons de couleurs heureuses, de palnis dorćs sous des esealiers d*eau, de ceriscs en rubis, de charbons convcrtis en lingots d’argent fln* dc dnuScs dc nains au clnlr dc lunę, et de tout cc inonde de r6vc oh Pimpossible dcvicnt posslble, nulsont a ln notion do vle rćcllo, ct font quc les beurls dc Penfnnt en face du mondc sont unc dou-leur sterile ct un echec.
De tels juges ignorent qu© Venfant est na-turellement inmginatif et animateur. qn,it enlrr dans ton caracterc d'nttribucr une vie particuli6re et 61rangę ń unc fdormłllóro donl la contemplntion Pencbnnte, un regnrd mobile nux portrnits, une intclligencc et un langage aux insert es et aux fen il les des ar-bres, une vie cxtrnordinaire nux ■ dessins » d*une tapisserie. des motifs pcut-etre terri-bles t une ombrc ou au slfucmcnt du vent dnns la nuit...
II sc pourrait bien quc les contcs de feos ftisscnl nds dc In necessłte de donner unc ngrćnble rdponse nux qucstions enfantines toujours renouvelees. Sait-c»n si lcs plus bcl-les bistoires dc Puge d’or ne sont pas dues k In pitie des hommes inspirćs par leur.s menie s revcs enfnntins contrnries ? II est posslble quc cela soit.
Dnns lcs villex d'aujourd‘ui, oii le cin6-mn ct la te(*bnique gen6ralis6c supplnntent pnr leur froideur les prćscnces mers-eilleu-ses, dans cette humanitd rigidc. inćcanique. il ent bien ntnlaisć d’nporcevolr l’efflcaclt6 du róvc. Mais dana los pays cntourćs pnr lu celuturc blanche et blcue de In mer, ou bien dans lcs campagnes de 1’Europe nordique ou mćridionale, -1A oii une saintc de pierre sourit dans Por des b!6s «, sur lcs rersnnts cscnrpós ou plus ct sapins sentent la rćsl-ne. dans ln vic librę, saintc cl forte des clinmps, Poriginc mcrvcilleusc des contcs, leur signifiention csscntiellc et poetiquc est cbosc claire. II unit de partout : au coin du feu, dans lc craqucment des cliAtaigncs sous ln cendre ; on en rćpćte beaueonp — qu'on n’a nas encorc 6crits — comme un chapc-lct ae santal 16guó par de$ grands-parents i\