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Adeline RUCQUOI

Clovis a Vouillć en 507, leurs possessions du nord des Pyrónees, et qu’ils limitórent leurs ambitions k YHispania, les Wisigoths vivaient parmi les Romains depuis pres d’un stócle et demi; convertis au christianisme - arien - depuis deux siecles, leur langue ćtait le latin et ils avaient dćja, des annees avant que Justinien n’entrepnt k Constan-tinople la compilation du Codę qui porte son nom, ćlabore des codes de lois inspires du droit romain, le Codę d’Euric et le Bróviaire d’Alaric. La prćsence des Wisigoths en Espagne fut donc pour celle-ci un garant de continuite et il est impossible d’ćtudier le systóme educatif des VI^e et VH^e stócles sans se róferer au systóme antique.

Les precepteurs dans le cas des familles aisees et les ćcoles muni-cipales avec leurs trois degres d’enseignement - 1’apprentissage de la lecture et de 1’ćcriture, 1’etude de la grammaire et la formation chez un rheteur - sont attestós dans la Pćninsule depuis le I^er siecle aprós Jesus-Christ et de nombreuses inscriptions tómoignent de 1’attache-ment des maitres envers leurs disciples, quel que ffit leur sexe. La fondation par Sertorius d’un Collegium iuvenum k Huesca, telle que la relatent Plutarque et Sućtone, et la reputation des « Espagnols » Seneque et Quintilien contribudrent a donner a 1’enseignement ses lettres de noblesse. Les yicissitudes politiques qui accompagnerent au cours du V^e siecle les invasions barbares - Vandales, Sueves et Alains - puis les incursions des bagaudes (1) affaiblirent, comme par-tout ailleurs, les institutions romaines. Tandis que les riches Hispano-Romains se retiraient dans leurs villae, 1’Eglise se substituait progres-sivement aux administrateurs dćfaillants. Les actes des « conciles », assemblees d’administrateurs laics et ecclćsiastiques, tćmoignent ainsi de la creation ou du dćveloppement d’ecoles episcopales qui recueillaient les oblats, tandis que certains ćveques fondaient des hopitaux et distribuaient de la nourriture aux pauvres.

Bień que les textes de l’epoque wisigothique ne nous renseignent que sur quelques centres specifiques, 1’enseignement particulier dans les familles aisees et, dans certains cas, les ćcoles municipales avaient probablement survecu. Le grand nombre de tablettes d’ardoise por-tant des inscriptions d’ordre economique, religieux ou juridique -contrats, ventes et achats de terrains, voyages, etc. - retrouve dans le bassin du Duero, comme les collections de lettres, provenant aussi bien de nobles que de marchands, de soldats que d’ecclesiastiques, et

(1) Des troupes de paysans ruinćs, d’esclaves fugitifs, de colons exploitós, d’indi-gdnes peu accułturćs, que l’on dćsigne par le nom gćnćrique dc « bagaudes », se livre-rent au brigandage et au piłlage pendant la premićre moitić du V^e siecle dans une vaste zonę qui couvrait l’Aquitaine, les Pyrćnćes et la vallće de 1’Ebre; en Espagne, ils furent andantis en 454.