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Adeline RUCQUOI
Grandę Peste, puis celles qui subsisterent endćmiquement en Occi-dent jusqu’au siecle suivant. La raretó de la documentation, en Cas-tille en particulier, donnę alors plus de poids k la th£se d’un marasme de la vie culturelle, que les nombreuses plaintes ćmises lors des synodes diocćsains sur 1’ignorance du clergć ne font que renforcer. Le XI Ve sidcle ibćrique n’est cependant pas le XI Ve siacie franęais ou anglais et 1’impact de la « crise » demande k y 6tre róćvaluć.
En dćpit des plaintes synodales, qui róvelent plus l’existence d’exigences accrues que celle d’un declin des connaissances ou d’une degradation des ćtudes, les XIVe et XVe siścles - temps de la « reli-gion flamboyante », selon 1’heureuse formule de Jacques Chiffoleau - furent le theatre d’une gćnćralisation de Peducation dans la Pćnin-sule iberique : a 1’instar des rois, 1’Ćglise, la noblesse et les ćlites urbaines reflechirent au probldme de la formation, crćerent ecoles, studia et colleges, et attribuerent aux diplomćs de l’universitć les pri-vileges honorifiques et fiscaux de la noblesse.
L’enseignement donnć dans les ćcoles cathćdrales et, parfois, paroissiales resta l!un des piliers de la formation culturelle des cłercs et des laics. En Castille au XVe siecle, le chapitre de la cathćdrale de Palencia louait annuellement la « maison des ecoles » ci un ou plu-sieurs bacheliers qui, outre leur tache educative, devaient la garder en bon etat. Au debut du XVe siecle, le chapitre de Sćville et la munici-palite payaient conjointement le salaire d’un maitre de grammaire et pouvaient ouvrir une enquete si celui-ci ne remplissait pas bien sa mission aupres de tous les enfants de la ville. Le chapitre de Leon payait egalement un maitre de grammaire et n’hesita pas, en 1498, a engager en cette qualitó un docteur italien. Des studia de grammaire existaient en 1339 a Sahagun, en 1368 a Jaen, en 1369 k Atienza, en 1387 a SepuWeda, en 1392 k Cordoue, en 1394 a Zamora, en 1405 a Soria ; certains prelats fmancćrent par ailleurs la creation de studia de ce genre dans leurs circonscriptions, comme celui que fonda en 1424 a Cuellar un chanoine de Segovie et que regentaient un bachelier et deux repetiteurs. Le mouvement fut genćral et, en Aragon comme en Navarre, les ćcoles de grammaire fleurirent, telles celles de Vic en 1305, d’Uncastillo en 1328, d’Estella en 1340 ou de Pampelune en 1344. S’il est indeniable que la connaissance du latin laissa toujours beaucoup k desirer dans la Pćninsule ibćrique, la multiplication de 1’ćcrit - tableaux dans les eglises portant les articles de la foi, « affiches » aux portes des villes róclamant les fugitifs de la justice, san benitos pendus dans les ćdifices religieux pour rappeler les condamnations infligćes par rinquisition k tel ou tel paroissien, etc. -indique un niveau d’instruction plus elevć que celui qui transparait k la lecture des textes ecclćsiastiques.