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Les manuels franęais en Argentine
de 1’Ecole normale supćrieure, s’est proposć de doter le pays d’une littórature scolaire appropriee et a entrepris la tache d’adapter k notre milieu, et non pas de traduire, quelques livres franęais. Egberto Soto-mayor a adaptó V Arithmetiąue de Leysenne, Pablo Pizzurno PHis-toire naturelle de Langlebet, Juan Tufro le Prścis d’histoire univer-selle de Lavisse et Esteban Lamadrid a ćcrit un trós beau livre de morale en se tenant k bonne distance de la Morale pratiąue de Barrau prise comme modele ». A 1 5exception de celui de Pizzurno, tous ces livres ont etć acceptes au concours de 1887.
Ces editions peuvent etre considćrćes comme le demier avatar du livre scolaire franęais au Rio de la Plata. Peu k peu, les ouvrages nationaux commencent k paraitre grace k des maisons d’ćdition telles que Lajouane, Igon, Emilio Coni, Jacobo Peuser, Mendesky et Angel de Estrada. II est vrai que, dćs cette datę, de nombreux enseignants repondent a 1’appel du Conseil et les ouvrages qu’ils prósentent manifestem le caractóre national attendu. Le cas d’Alfredo Vasquez Ace-vedo fait pourtant exception. Ses livres de lecture ont ćtć les seuls adoptes (et non pas admis provisoirement) par le Conseil lors du concours de 1887. Pourtant, les lectures proposćes manquaient d’óló-ments qui les rendent spćcifiquement nationale; par ailleurs, Vas-quez Acevedo etait uruguayen.
En 1889, Vasquez Acevedo adresse une lettre au Monitor de la Educación, dans laquelle il propose de complćter la sćrie de livres dont il est 1’auteur avec deux tomes consistant en « une collection de morceaux choisis en prose et en vers au caractóre national ou, tout du moins, americain ». Vasquez Acevedo sollicite la collaboration du Monitor en lui proposant, par ce biais, les themes suivants : un epi-sode historique, la description d’une scene de coutumes, un type national, guerrier ou social, la description d’un paysage du territoire, 1’apologie des vertus civiques ou sociales, la critique des vices, des erreurs ou des preoccupations sociales. L’idee est jugee « digne d’eloges ». Pourtant, malgrć ces precautions et ce travail, les manuels sont refuses au concours suivant car « ils ne sont pas approprićs aux enfants des ecoles argentines ». Ils avaient ćte, de fait, ćcrits pour les ścoliers uruguayens.
Les concours de la dćcennie 1890 mettent en evidence une exa-cerbation de 1’esprit nationaliste. Pour le concours de 1891, la com-mission d’evaluation souligne que « le choix des ouvrages sera ddter-mine par ceux qui rćuniront les meilleures conditions exigćes par la nćcessitó de donner un caractóre national k 1’ćcole publique ». C’est dans cet esprit qu’il est decidć de choisir les livres qui rendent le mieux compte des aspects typiques du pays - la naturę, la vie, les coutumes, 1’histoire et 1’industrie argentines - et les livres qui, meme hors concours, rópondent a de tels besoins. Les titres sćlectionnes