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sion a i’Ile dc Re. II out le courage d’en fairc sortir dcux desscrvants. I’un pour cause d’ignorance, le sc-cond pour raison d’inconduite. Mais les palriotcs de nie se f&chćrcnt et. pour ćchapper k leurs poignards, 1’abbe Rochcdreux dut se refugicr en Bretngnc.
Juste k cc moment, M. Le Bescond dc Coapont, rec-tcur de Poullan, vcnait d’ćlrc nom nić k la cure d’El-liant et desirait que M. Rochedreiu le remplacat a Poullan. Celui-ci accepta en principe, mais quand il alla annoncer cette nouvellc a l’eveque de La Rochcllc, ii ful si touche des marques d'aiTection et de conflancc quc liii tć moi gna ce prćlat, qu’il n’eut pas le courage dc s’en separer et consentit k ce qu'il demandat son incor|K>ration au diocese dc La Rochclle, ce qui fut accorde apres trois mois de correspondance.
Six mois plus tard. Mgr de Mendolf fut nomme au siege d’Amicns. Son succcsseur ii La Rochelle, Mgr Paillou, demanda ii 1’abbć Rochedreux ,de «e point quitler son diocdse et lui accorda les menies pou-voirs. Mais voici qu’il est question de rćhahiliter le desservant de Pile dc Re interdit pour cause d’igm>-rance. Cette intention et 1’absence dc rćvequc dćtcr-minćrcnt M. Rochedreux a retourner en Bretagne, esperant qu’on loi olTrirait cncore la curc de Poullan. U n*en fut rien. II sentit alors « qu’on attachait peu d’intćret a son retour dans lc diocese * et en fut trćs |»einć.
S’il n’eut pas la cure de Poullan, on 1'accepta pour-tant dans lc diocese et on lc chargea, en 1800, dc pre-cher le Carćme ii Pont-PAbbe et de supplecr a 1’insuf-fisancc du clerge de la ville et des environs. « Le peu-ple de cette comniune, ecrit-il peu aprćs, vit dans une tgnorance crassc de la morale et de ses obligutions... » Lc Carćme passć, il voudrait continuer a prćcher, son cure ne le permet pas. Entre les deux pretres les rela-lioiis se tendent, et M. Rochedreux s’ćcrie tristeinent :
« Je nic sens accable de douleur ; le sonimeil sc retire dc mes ycux, les -inquićtudes me dćcharnent entiere-ment. » II demande, avec le prophetc Jonas, qu'on le jelte a la mer... * * ' *
Cepcndant son ardeur n® se rcfroidit pas. II fonde une petite ćcolc qui, bicntót, prospere. En Janvier 1807, elle compte quatorze eleves dont trois promet-tent d’ćtre de brillants sujets.
L’ecole ne sufTit pas a son uctivite debordante. II est ćlu conseiller municipal et fait des projets graudioses. 11 se propose de dćtruire, dans sa source, l’oisivete qui regne dans la ville en engageant les personnes qui font Paumóiic mettre, en masse, le montant dc leurs dons pour achcter du chanvr.e, le faire filer, en sala-riant les pauvrcs a qui on lc confiera, et en faire de la toile dont on hahillera les mdmcs pauvres et leurs enfants. II desirc que la municipalite s’occupc des moyens d’arreter les suites inealculables et deplora-bles de l’ivrogneric, qu*elle condamne ia une amende les aubergistes qui foulent aux pieds les lois divines et humaines !
I/administration diocćsaine nc lui laissa pas le temps de realiser ces beaux projets. Elle songeait a ie pourvolr d'une succursale quand quelqu’un ernit lc v«*u qu’on etablit une ćcole a Ponl-Croix, promettant de doler le pensionnat d’une rentę de six boisseaux dc froment et ne doutant pas que la municipalite dc cette ville ne fil un sort honnetc a 1‘instituteur.
M. Rochedreux s'installe donc k Pont-Croix avec sa hAte coutumićre, sans attendre la fin des demarches. Les dębuts sont dilficilcs. L’argcnt manque. On parle dc faire une collccte pour couvrir les frais du nouvel ćtablissement. Les conseillers municipaux y sont opposes : connaissant leurs compatriotes, ils savent que la collccte ne produirn rien. En attendant une solution administrative, le 5 Mai 1807, six habitants