70 LES DĆTERMINAT10NS ESSENTIELLES
necessaire. A cette debila, mensura s’opposent deux manieres d’agir: plus dcbito et minus debito (q. 119, 1). La premiere con-siste a aimer et desirer les richesses et y prendre du plaisir au point d’en avoir plus que le necessaire ad vitam eius secundum suam condiiionem, ou de ne pas les employer pour ses necessites personnelles ou celles des siens, et encore moins de ne rien donner de ce qui reste: c’est 1’aoarice. La seconde consiste a ne pas conserver ou acquerir le necessaire ou encore a donner aux autres en prenant sur ce necessaire (q. 117, 1, ad 2): c est la prodigalite. Deux vices opposes entre eux et opposes tous deux a la liberalite.
Partout donc domine la notion cT utile, qui sert de mesure aux vertus qui regissent 1’usage des biens materiels. C’est cette notion, propre aux biens de ce monde (q. 117, 3), qui caracterise 1’acte de la liberalite et la distingue de la justice et de la magni-ficence, vertus qui reglent 1’usage de 1’argent, mais non pas in ąuantum huiusmodi (ibad 1); c’est cette meme notion qui per-met d’etablir que l’avarice est un peche special, different du de-sordre circa bonum deleciabile (q. 118, 2); enfin c est encore elle qui dans la hierarchie des vertus place la Iib6ralit6 a un rang tres inferieur, les biens materiels venant apres les biens d’ordre divin et humain (q. 117, 6).
Mais convenicnter uli pecuniis n’est-il pas surtout convenienier dare? car acquerir et con$erver ne sont pas uli, au sens actif (q. 117, 4). Nous touchons ici a la doctrine de Taumóne, puis-que aumóne dit don a faire aux autres. Le liberał n’est pas retenu par un amour superflu de ce qu’il a et de ce qui lui reste; il est pręt a faire aumóne, a donner; disposition interieure, ajfedus animi regle circa pecunias, qui passera tout natureliement dans l’exe-cution exterieure selon les diyerses obligations qui pourront sur-venir. Si le precepte de 1’aumóne s’impose dans un cas concret,