ceux qui exhortent les heretiąues a la paix, ne doivent pas reprendre des ąuestions d’ecole, afin de ne pas semer la discorde parmi les catholiąues. D’ailleurs, continuait Bossuet, s’il n'y a pas erreur, il ne faut rien changer au livre pour ne pas donner d’aliment aux reproches de variation des heretiąues. Neercassel devait encore apprendre a etre conseąuent dans rapplication de la methode de controverse qu’il aimait tant. Mais quant au reste Bossuet le louait fort pour sa gravite, sa prudence, sa doctrine et sa charite apostoliąue19S).
Malgre ce grand eloge, l’ćveque de Castorie n’osait pas encore impor-tuner de ses lettres le prelat franęais, qui etait deja tellement occupe194). Cest seulement quand, dans une lettre a Arnauld, Bossuet eut de nouveau exprime sa grandę estime pour lui, qu’il vainquit ses scrupules et s’adressa directement a lui195).
LA HOLLANDE, MARCHE AUX LIVRES.
Cest la le debut d’une correspondance qui nous revele des particularites interessantes sur la diffusion des ouvrages de Bossuet a Tetranger. Des la premiere lettre nous lisons que dans quelques jours la traduction hol-landaise de YExposition paraitra. Communication un peu prematuree. Ces „quelques jours’' ont dure plus de deux ans. Cest que Neercassel a attendu rexemplaire latin dont il esperait qu’il serait conforme a la version hol-landaise 196). De la Tannonce des deux editions a la fois dans la lettre du 12 avril 1678 197). Avec un peu dorgueil il temoigne de la version hollan-daise qu’elle est presąue aussi elegant e que Toriginal. Pourtant sa joie est temperee par le fait que Tedition latine parait etre tres mauvaise. Ni les caracteres ni le papier ne lui plaisent. Pour comble de malheur il s'y est glisse plusieurs erreurs typographiąues. Est-ce la faute d'un protestant envieux?108). En tout cas Neercassel est desole et promet de faire effectuer au plus vite une autre edition. Sa desolation fut de courte duree. Quelques mois plus tard il pousse des cris de joie: il est incroyable de voir avec
193) Unum existimo Ecclesiae Batavicae, gravitate, prudentia, doctrina et apos-tolica charitate, his miserribus temporibus sustentandae divina Providentia natum. Correspondance, t. I, P- 383 sq.
194) Lettre a Pontchateau du 5 fevrier 1676, Ib., t. I, p. 387, notę.
195) Le 5 fevrier 1676, Ib., t. I, p. 387 sq.
196) Cf. la lettre manuscrite a Monfrin du 19 aout 1676, Algemeen Rijksarchief, den Haag, Inventaris O.B.C. 132).
197) Correspondance, t. II, p. 62-63.
i08) Neercassel le suggere dans la lettre manuscrite a Monfrin du 20 aout 1678
(Alg. Rijksarch., den Haag, Inv. O.B.C. 133) : „Causam istius delicti...... adscripsi
vel segnitiei vel livori hominis acatholici qui praefuit impressioni.,, L’edition dont il s'agit est la Doctrinae Catholicae, de iis argumentis de ąuibus controversiae sunt, exposxtxo. Ex interpretatione Cl. Fleurii, Antverpiae, apud J. Naulaeum, 1678.
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